• Première partie

    Mes années d'expérience, et mon talent particulier, faisaient que j'étais passé maître dans l'art du mensonge et de la dissimulation. Mais pour une raison que j'ignore, Bella était une des rares personnes à pouvoir déceler mes mensonges. Cette fille était vraiment hors du commun, non seulement je ne pouvais pas lire en elle, mais elle pouvait détecter quand je dissimulais la vérité. Cette situation était vraiment déstabilisante pour quelqu'un qui a l'habitude de connaître les moindres pensées de chacun.

    J'avais conscience d'en avoir trop dit. Et en cet instant, elle se doutait à juste titre que je lui cacher quelque chose. En effet, comment quelqu'un qui était censé n'avoir jamais mis les pieds chez elle, pouvait connaître la cachette de la clé ?

    Après l'après-midi que nous venions de passé, je ne pensais pas prendre beaucoup de risque en lui avouant que ce n'était pas la première fois que je pénétrais chez elle. Elle serait en colère, du moins en apparence, mais elle ne le restera pas plus de quelques minutes.

    Ses yeux magnifiques yeux brillant attendaient une explication. Je savais exactement les mots que j'allais prononcer pour qu'elle devine d'elle-même.

    ----- - J'avais envie d'en apprendre plus sur toi.
    ----- - Tu m'as espionnée ? S'empressa-t-elle de conclure.

    Comme je l'avais prédit, sa colère n'était qu'une façade. Elle allait me pardonner rapidement.

    ----- - A quoi occuper mes nuits, sinon ?

    Pour toute réponse, elle m'ignora et se dirigea dans la cuisine. Je l'y devançais, et m'installais sur une chaise pour mieux l'observer. Elle se concentra plus que nécessaire sur la préparation de son diner. Elle voulait surement me cacher sa nervosité. Son énervement était adorable, on aurait dit un petit chaton outré. Elle mettait un point d'honneur à ne pas me regarder. Le masque qu'elle c'était fixé n'aurais pas tenu une seconde si nos regards s'étaient croisés, se qui m'amusa.

    Peut-être étais-je trop sûre de moi ? Pourtant, ce que j'avais appris cet après-midi même pouvait me laisser penser que j'avais raison d'agir ainsi. Je savais qu'elle ne pouvait pas rester très longtemps en colère contre moi. Ma seule présence suffisait à lui faire tourner la tête. Et la voir s'énerver pour rien était à cet instant vraiment distrayant pour moi.

    ----- - C'est arrivé souvent ? demanda-t-elle fixant l'assiette dans le micro-onde, et me sortant de mes réflexions.
    ----- - Pardon ?
    ----- - Combien de fois es-tu venu ici ? demanda-t-elle refusant toujours de me regarder.
    ----- - Je te rends visite presque toutes les nuits, avouai-je. Et je constatais au même moment, qu'il était plus facile d'avouer ce genre de chose quand la personne concerné nous tourne le dos.
    ----- - Pourquoi ? S'exclama-t-elle en virevoltant avec grâce.
    ----- - Tu es très intéressante quand tu dors. Tu parles.
    ----- - Nom d'un chien !

    Cette fois elle était gênée pour de bon. Je regrettais aussitôt d'en avoir trop dit. Elle s'agrippa au comptoir sous le choc, et piqua un fard, rendant ses joues irrésistibles. Je voulais tout de même m'assurer qu'elle ne m'en voulait pas trop.

    ----- - Tu es très en colère ? Demandais-je, ennuyé que ça puisse être le cas.
    ----- - Ça dépend !
    ----- - De quoi ?
    ----- - De ce que tu as entendu, tiens !

    Ainsi, elle ne m'en voulait pas parce que j'avais pénétrer chaque nuit dans sa chambre sans autorisation, mais parce qu'elle avait peur que je puisse connaître ses vrais sentiments à mon égard. Et peut être aussi par peur du ridicule. Elle savait qu'elle parlait dans son sommeil, mais savoir que j'étais témoin de cette particularité la mettais mal à l'aise. Mon premier geste fut alors de la réconforter, et je fus à ses côtés immédiatement. Je pris ses mains dans les miennes avec douceur. Ses petites mains chaudes dans le creux des miennes froides et puissantes me firent prendre conscience de la délicatesse de la situation.

    ----- - Ne t'en fais pas, susurrai-je en plongeant mes yeux dans les siens. Elle détourna son regard, embarrassée. Craignait-elle que je pénètre son intimité une fois de plus ? Je devais donc lui dire ce que j'avais appris durant toutes ses nuits pour qu'elle puisse me faire confiance à nouveau. Ta mère te manque, tu t'inquiètes à son sujet. Et le bruit de la pluie t'énerve. Au début, tu parlais souvent de chez toi, là-bas, c'est moins le cas, à présent. Une fois, tu as dit : « C'est trop vert ! ».
    ----- - Quoi d'autre ? Insista-t-elle.
    ----- - Tu as prononcé mon prénom, admis-je. Je savais depuis le début que c'était cette réponse qu'elle appréhendait. Pourtant, il n'y avait aucune raison d'en avoir honte, ou d'être gênée. Mon plus grand regret était justement de ne pas pouvoir rêver d'elle.
    ----- - Beaucoup ? Soupira-t-elle.
    ----- - C'est combien pour toi, beaucoup ?
    ----- - Oh, non !

    Elle baissa la tête. Je l'attirais alors tendrement vers moi, pour qu'elle se sente à l'aise. Je voulais la rassurer. Je voulais qu'elle comprenne qu'elle ne devrait jamais être gênée de me faire partager ses pensées. Je lui voulais lui dire une fois de plus tout ce que je ressentais pour elle, et toutes les raisons qui faisait qu'elle ne devait pas avoir honte de ses rêves, mais j'entendais déjà la voiture de Charlie approché. Je fis donc plus court que ce que j'aurais souhaité.

    ----- - Ne sois pas gênée, lui soufflais-je à l'oreille. Si je savais rêver, je ne rêverais que de toi. Et je n'en aurais pas honte.

    Charlie était dans l'allée, les phares de sa voiture baignaient les fenêtres de lumières. Dès que Bella en eu conscience, elle se raidit. Je compris alors qu'elle n'était pas encore prête à me présenter à son père.

    ----- - Est-il nécessaire que ton père sache que je suis là ?
    ----- - Je n'en suis pas certaine...
    ----- - Une autre fois alors...

    Je me faufilais alors à une vitesse vampirique dans l'escalier. Elle n'eut même pas le temps de me voir avec ses faibles yeux d'humaine.

    ----- - Edward ! Chuchota-t-elle.

    Je perçu dans sa voix une tristesse. Pensait-elle vraiment que je partirais si vite ? Je ne pus retenir un rire, avant de m'installer dans sa chambre.

    Charlie venait d'entrer.

    ----- - Bella ?
    ----- - Je suis ici.

    C'était une occasion unique pour moi de partir à la découverte de sa chambre sans risquer de la réveiller, ou d'être attiré comme un aimant par sa délicieuse odeur. J'étais cependant partager entre ma curiosité d'explorer sa chambre et mon désir d'écouter la conversation qu'elle avait avec son père. Mais ce que je venais de déceler dans l'esprit de son père me décida.

    ----- - Tu es pressée ?
    ----- - Oui, je suis fatiguée. J'ai l'intention de me coucher tôt.
    ----- - Tu as l'air tendue.
    ----- - Vraiment ?

    Son comportement inhabituel avait en effet mis la puce à l'oreille de son père. Il était cependant loin du compte. Bella n'avait aucunement l'intention de faire le mur le soir, elle était simplement désireuse de me retrouver dans sa chambre.

    ----- - On est samedi soir, commença Charlie. Pas de plan pour la soirée ? Insista-t-il.
    ----- - Non, papa. J'ai juste envie de dormir.

    Elle était vraiment une mauvaise menteuse. Je retiens alors un rire.

    ----- - Les garçon du coin ne sont pas ton genre, hein ?
    ----- - Je n'en ai pas encore repéré un seul.
    ----- - Et ce Mike Newton ? Tu disais qu'il était sympa.

    Dès que j'entendis le nom de Mike associé au sous entendus de son père, je ne pus m'empêcher de voir rouge. Je me calmais cependant rapidement en entendant la réponse de Bella.

    ----- - Ce n'est qu'un ami, papa. Dit-elle comme une évidence.
    ----- - De toute façon, tu vaux mieux qu'eux tous réunis. Tu auras tout le temps d'en chercher un à la fac.

    J'étais d'accord avec Charlie sur le premier point. Elle valait mieux que tous les garçons de Forks réunis, moi y compris. Et pour ce qui était de l'autre point, je comprenais parfaitement le point de vue de Charlie. Pour un père qui élève seul sa fille, les premiers amours de celle-ci sont souvent durs à gérer. Charlie étant quelqu'un de peu expressif, il redoutait par-dessus tout, le jour où il faudrait consoler sa fille à cause d'un chagrin d'amour. Ou pire encore, si jamais elle avait la mauvaise idée de lui demander des conseils en amour.

    ----- - C'est ça, lança-t-elle en se dirigeant vers l'escalier.
    ----- - Bonne nuit, chérie.
    ----- - A demain.

    Je l'entendis montée l'escalier d'un pas anormalement lourd. Pour qui était destinée cette mascarade ? Je me mis alors dans un coin sombre de sa chambre. Je la vis ensuite se précipité vers la fenêtre. Elle l'ouvrit en grand et scruta la pénombre.

    ----- - Edward ? Chuchota-t-elle.

    Elle me cherchait alors qu'elle était passée a seulement quelques centimètre de moi. Elle n'avait pas sentis ma présence. Je m'allongeais alors confortablement sur son lit en étouffant un rire. Elle se retourna d'un bond en portant un poing à bouche pour étouffer un cri de terreur.

     
    Deuxième partie


    Son cœur battait à une vitesse alarmante, même pour elle qui était habituée à avoir des frayeurs. Mais en y repensant, la plupart de ses frayeurs étaient causées par ma faute... j'eus alors un demi-remord, qui me passa aussi vite qu'elle se laissait tomber par terre pour reprendre ses esprits.

    ----- - Désolé, m'excusai-je en cachant mon amusement.
    ----- - Donne moi une minute, le temps que mon cœur reparte.

    J'eus alors pitié d'elle et de son cœur. Je ne voulais pas qu'elle me fasse une attaque maintenant. L'égoïste que j'étais avait trop besoin de sa présence pour prendre un tel risque. Je m'assis alors le plus lentement possible, puis me penchai, et doucement je la soulevai pour l'installer près de moi.

    ----- - Là, murmurai-je en posant ma main sur la sienne. Comment va ton cœur ?

    Je lui demandais par politesse, mais je connaissais la réponse, et celle-ci m'amusait beaucoup. Nous attendîmes en silence que ce dernier s'apaise. Lorsque qu'il eut enfin retrouvé un rythme normal, je pensais pouvoir profiter d'elle quelques instants, mais elle me détrompa.

    ----- - M'accorderais-tu quelques instants d'humanité ?
    ----- - Mais certainement.
    ----- - N'en profite pas pour filer !
    ----- - A vos ordres, Madame.

    Entendre la crainte de mon départ dans sa voix était vraiment une sensation extraordinaire. Elle ne voulait pas que je parte. Elle voulait que je reste avec elle, et c'est exactement ce que j'avais l'intention de faire. Et pour lui prouver ma bonne volonté, je me fis statue.

    Elle s'empressa de se mettre debout, de prendre son pyjama et sa trousse de toilette, se dirigea dans la salle de bain où elle s'enferma. Mais une porte fermée n'était pas suffisant pour s'isoler avec mon ouïe. Ainsi, je pus l'entendre se laver les dents, d'un geste rapide qui me fit sourire. Elle se dépêchait pour me rejoindre. Elle prit sa douche, plus lentement que je l'aurais crue, puis se sécha avec plus d'empressement que nécessaire. Je l'entendis enfiler son pyjama, le frottement du tissu sur sa peau était un doux murmure pour mon oreille. J'entendis ensuite la brosse démêler ses magnifiques cheveux, je pouvais sentir d'ici leur parfum unique, masqué sous l'odeur de fraise du shampoing. Elle rangea toutes ses affaires de toilette, je m'attendais à la voir débouler la chambre et me sauter au cou... mais au lieu de sa, elle descendit au rez-de-chaussée d'un pas précipité. Que faisait-elle ?

    ----- - Bonne nuit, papa, dit-elle innocemment.
    ----- - Bonne nuit, Bella, répondit Charlie suspicieux. Pourquoi vient-elle me dire bonne nuit ainsi ? À cette heure surtout, d'habitude elle traine toujours un peu avant d'aller ce coucher.

    Je ne pus en saisir d'avantage, ses pensées étaient trop floues. J'entendais les pas de Bella qui remontait en vitesse les marches, et apparus dans la chambre à mon plus grand bonheur. A sa vue je souris de plaisir. Elle portait en guise de pyjama un T-shirt et un pantalon de survêtement gris. Ces vêtements amples étaient exactement ce qui me fallait, ainsi, je ne voyais pas trop sa chair exquise. Ses cheveux en désordre et humide lui donnait l'allure d'une nageuse. Difficile de résister à son charme.

    ----- - Très jolie, commentai-je.

    Pour toute réponse, elle m'adressa une grimace. Elle ne me croyait pas. Une fois de plus, elle sous-estimait l'effet qu'elle produisait en moi.

    ----- - Non, vraiment, ça te va très bien, insistai-je.
    ----- - Merci, finit-elle par admettre. Elle vient ensuite s'asseoir près de moi en tailleur.
    ----- - Pourquoi ce manège ? Lui demandai-je, voyant qu'elle ne semblait pas sur le point de me l'expliquer d'elle-même.
    ----- - Je soupçonne Charlie de croire que je vais m'éclipser en douce.
    ----- - Oh. Pourquoi ? Je ne me rappelais pas avoir entendu de telles pensées dans l'esprit de Charlie.
    ----- - Apparemment, il m'a trouvée un peu surexcitée.
    ----- - En fait, tu es toute rose, lui dis-je en lui prenant le menton dans ma paume.

    Ses joues roses étaient un appel pour le vampire que j'étais. Mais ce n'était pas l'appel du sang qui me dominait, c'était plutôt un désir encore inconnu pour moi, un désir qui était plus proche de l'humain que du vampire... comment était-ce possible ? Je m'approchais alors de son visage, et collai ma joue glacée contre la sienne, agréablement chaude. Je la sentie se raidir. Elle voulait être parfaitement immobile pour me faciliter la tâche... elle était vraiment adorable.

    ----- - Mmm, soupirai-je d'aise. Et son cœur s'accéléra doucement.
    ----- - Ça semble... beaucoup plus facile pour toi, maintenant, d'être en ma compagnie.
    ----- - C'est l'impression que je te donne ? Murmurai-je en glissant mon nez le long de sa mâchoire, histoire de la déstabiliser un peu plus.

    Malheureusement, ses certitudes n'étaient qu'une impression, certes je m'habituais à son odeur, ce qui me permettait de mieux y résister, mais la brulure lancinante de ma gorge n'était pas moins intense pour autant. Seule ma concentration me permettait en quelque sorte de passer outre la douleur. Son parfum floral m'aurait fait frémir de plaisir si je ne contrôlais pas le moindre de mes soupires.

    ----- - Beaucoup, beaucoup plus facile, précisa-t-elle haletante.
    ----- - Mmm... Son souffle court éveilla de drôle de sensation dans le creux de mon estomac... des sensations oubliées... mais loin d'être désagréables... elle me faisait renaitre.
    ----- - Je me demandais... elle s'interrompit lorsque mes doigts glissèrent le long de sa clavicule, douce et fragile.
    ----- - Oui, dis-je dans un souffle pour l'encourager à poursuivre.
    ----- - Comment... ça se fait... à ton avis ?

    Je ris dans son cou face à son incompréhension, il était normal qu'elle se pose la question... moi-même je me la posais... et la seule réponse possible était ma détermination à la garder en vie.

    ----- - On appelle ça la victoire de la raison sur la chair.

    Soudain, elle recula et par instinct, je me figeais. Nous nous contemplâmes prudemment un moment, puis je me détendis, apparemment, il n'y avait aucun danger, aucune tension. Pourquoi avait-elle réagit ainsi ?

    ----- - Aurais-je mal agi ?
    ----- - Non... au contraire. Tu me rends folle.

    Ainsi, je la rendais folle, voila qui était intéressant. Elle venait sans doute de saisir le sens de mon aveu. Si je peux contrôler mes instincts et mes pulsions à son contacte, nous pouvons donc nous voir plus souvent sans que le danger soit trop important. J'étais désormais sûr que je saurais partir avant de lui faire du mal. Partir temporairement bien entendu.

    ----- - Vraiment ? Lui répondis-je finalement d'un air enjoué, accompagné d'un sourire triomphant.
    ----- - Tu veux que je t'applaudisse ? Persifla-t-elle.
    ----- - Je suis agréablement surpris, c'est tout, me justifiai-je. En cent et quelques années, je n'aurais jamais imaginé quelque chose comme ça... rencontrer une personne avec laquelle j'aurais envie de me comporter... différemment d'avec mes frères et sœurs. Et découvrir, même si tout cela est encore nouveau pour moi, que je ne suis pas si nul... avec toi...
    ----- - Tu excelle dans tous les domaines.

    Son cœur ne démentait pas ses dires, je l'admis donc d'un haussement d'épaule, et nous rîmes sans bruit.

    ----- - Comment ça peut être déjà si aisé ? Persista-t-elle. Cet après-midi...
    ----- - Ça ne l'est pas. C'est juste que, tout à l'heure, j'étais...indécis. Désolé, je suis impardonnable de m'être comporter ainsi.
    ----- - Pardonné.
    ----- - Merci. Vois-tu, je n'étais pas sûr d'être assez fort. Et tant que subsistait la possibilité que je sois... dépassé, je suis resté... sur mes gardes. Jusqu'à ce que j'aie décidé que j'en étais capable, qu'il était impossible que... que jamais je ne...

    Je ne pus finir ma phrase tellement les mots étaient dur à prononcer. Elle le comprit.

    ----- - Donc, il n'y a plus de risque ?
    ----- - La victoire de la raison sur la chair, répétai-je fièrement, en souriant de manière à ce que mes dents brillent dans le noir.
    ----- - Dis donc, c'était drôlement facile.

    Je rejetai la tête en arrière et m'esclaffai en silence pour ne pas alarmer son père, mais ce fus de justesse. C'était vraiment loin d'être facile. Elle se fiait beaucoup trop aux apparences me concernant. Elle devrait être plus méfiante.

    ----- - Parle pour toi ! Rectifiai-je en effleurant son nez du bout de mes doigts. Je venais de remarquer que je ne pouvais plus prononcer une parole sans la toucher. Je repris alors mon sérieux. Je fais des efforts, continuai-je. Si ça devait devenir... trop dur, je suis presque sûr que j'arriverais à partir.

    Elle fronça les sourcils, apparemment contrariée par cette possibilité. C'est bien ce que je craignais... elle était beaucoup trop confiante. Je voulais essayer de lui ouvrir les yeux, en vain.

    ----- - Et demain ne sera pas aussi aisé, continuai-je tant bien que mal. J'ai respiré ton odeur toute la journée, et j'y suis devenu moins sensible. Que je m'éloigne de toi pendant un moment et je devrais recommencer. Mais pas à zéro, me semble-t-il.
    ----- - Alors ne t'éloigne pas, répondit-elle simplement. Je m'en voulais de ressentir autant de plaisir à ces paroles. Je lui répondis alors sur le ton de la plaisanterie pour lui cacher mes véritables sentiments.
    ----- - D'accord ! Qu'on amène les fers, je serais ton prisonnier. Mais là encore, l'idée ne m'aurait pas déplu.

    Je pris ses poignets dans mes mains fermement, en réalité, c'était elle qui était prisonnière de moi, de mon charme surnaturel. Et je ris une fois de plus devant son étonnement. Je n'avais sûrement jamais tant ris en une journée depuis que j'étais devenu vampire. Je n'avais même jamais tant ris !




    Troisième partie


    ----- - Tu as l'air plus... optimiste que d'habitude.
    ----- - N'est-il pas censé en être ainsi ? Le bonheur des premières amours et tout le toutim. Incroyable, n'est-ce pas, cette différence entre lire quelque chose, le voir en peinture et l'expérimenter ?
    ----- - Très. Le vivre est plus puissant que je ne l'aurais imaginé.
    ----- - La jalousie, par exemple. J'ai lu des dizaines de milliers de page là-dessus, j'ai vu des acteurs la jouer dans des milliers de pièces et de films. Je croyais l'avoir plutôt bien comprise. Pourtant, elle m'a déstabilisé. Te souviens-tu du jour où Mike t'a invité au bal ?

    Ce souvenir me fit grimacer. Vraiment je ne supportais pas ce gars. La façon qu'il avait de regarder Bella, de penser à elle me dégoutait. L'idée même qu'ils pourraient passer du temps ensemble me répugnait. J'étais certes très égoïste, mais je ne contrôlais pas cette partie de moi. Pourtant, il fallait que je me fasse une raison, un jour ou l'autre, Bella aimera un garçon comme Mike Newton, et elle se mariera avec lui. Tout ce que je ne peux lui offrir me torture... mais c'est le prix à payer pour vivre l'éternité.
    Mes pensées allaient très vite, je parlais également très vite, mais cela ne sembla pas la déranger. Son regard était captivé par mon flot de parole, et j'en étais flatté... ou peut-être n'était-ce que de la concentration pour me suivre...

    ----- - Celui où tu as recommencé à m'adresser la parole.

    Bien sur qu'elle se souvenait de ce jour... son addiction à moi était déjà malheureusement bien ancré en elle. Une part de moi était au paradis à cette pensée.

    ----- - J'ai été déconcerté par l'élan de colère, de furie presque, que j'ai ressenti et, d'abord, je ne l'ai pas identifié pour ce que c'était. J'ai été encore plus exaspéré que d'ordinaire de ne pas savoir ce que tu pensais ni pourquoi tu l'éconduisais. Etait-ce pour préserver ton amitié avec Jessica ? Ou parce qu'il y avait quelqu'un d'autre ? Je savais que, dans un cas comme dans l'autre, je n'avais aucun droit de m'en inquiéter, et j'ai vraiment essayé de rester indifférent. Puis il y a eu l'embouteillage.

    Elle profita de l'obscurité pour me lancer un regard noir à l'évocation de se mauvais souvenir. Cet incident aurai certes pu nous séparer à jamais, et montrer ma vraie nature à tous les humains en mettant en même temps ma famille en danger, mais il m'a également permis de prendre conscience que Bella était quelqu'un de particulier pour moi.

    ----- - J'ai attendu, anxieux plus que de raison, d'entendre ce que tu allais leur dire, de voir tes réactions. J'admets que j'ai été très soulagé en constatant ton agacement. Pourtant, ça ne suffisait pas. Alors, cette nuit-là, pour la première fois, je suis venu ici. Pendant que tu dormais, je me suis débattu pour résoudre le conflit entre ce que je savais être bien, moral, et ce que je voulais. J'avais conscience que si je continuais à t'ignorer ou que si je m'en allais pour quelques années, jusqu'à ce que tu sois partie, tu finirais par dire oui à Mike ou à un type comme lui. Ça rendait malade et c'est là que, dans ton sommeil, tu as prononcé mon nom. Si clairement d'abord que j'ai cru t'avoir réveillée. Mais tu t'es retournée dans ton lit, l'as marmonné une deuxième fois, puis tu as soupiré. Dans un premier temps, j'en ai été ébranlé, ahuri. Puis j'ai compris que je ne pouvais te fuir plus longtemps.




    Quatrième partie


    Je m'interrompis un instant, pour lui laisser le temps d'assimiler ce que je venais de lui dire. Cette confession était douloureuse pour moi, mais elle était nécessaire pour nous deux. Elle me faisait part de ces pensées, il était juste qu'à mon tour je fasse de même. Cependant, ce mettre à nu ainsi devant celle que l'on aime n'est pas facile, et je sentais une angoisse irrationnelle s'emparer de moi. J'écoutais alors les battements de son cœur, comme si ma vie en dépendait. Je me concentrais dessus avec une telle force, que les battements irrégulier me perçaient presque les tympans. Puis, mes peurs s'envolèrent et je continuais mon récit.

    ----- - La jalousie, est une chose étrange. Bien plus puissante que je ne le pensais. Et tellement irrationnelle ! Tiens, à l'instant, quand Charlie t'a questionnée sur l'exécrable Mike Newton...

    Prononcer son nom suffisait à me dégouter...

    ----- - J'aurais du me douter que tu nous espionnerais, grogna-t-elle.
    ----- - Comment voulais-tu qu'il en aille autrement !
    ----- - Pourtant ça te rend jaloux.
    ----- - C'est si nouveau. Tu es en train de réveiller l'humain qui est en moi, et tout paraît plus violent parce que neuf.
    ----- - Franchement, se moqua-t-elle, que devrais-je dire, moi, après avoir entendu que Rosalie, la beauté incarnée, t'était destinée ? Emmett ou pas, comment suis-je censée rivaliser avec elle ?
    ----- - Il n'y a pas de rivalité qui tienne.

    Pourquoi était-elle toujours entrain de se sous-estimer ? Je la pris dans mes bras, pour qu'elle comprenne qu'a mes yeux, elle était la plus belle personne au monde. Elle était tout ce que je désirais. Et aucune Rosalie, aussi belle soit-elle, ne pouvait rivaliser avec le charme de ma Bella.

    ----- - Je sais, c'est bien ça le problème, marmonna-t-elle.
    ----- - Rosalie est belle, certes, mais même si elle n'était pas ma sœur ou la compagne d'Emmett, elle n'atteindrait jamais le dixième, non le centième de l'attirance que tu exerce sur moi. Pendant presque un siècle, j'ai fréquenté mon espèce et la tienne en croyant que je me suffisais à moi-même, sans me rendre compte de ce que je cherchais. Et sans rien trouver, parce que tu n'étais pas encore née.
    ----- - Ça paraît tellement injuste. Moi, je n'ai pas eu à attendre. Pourquoi est-ce si simple, pour moi ?
    ----- - Ce n'est pas faux, plaisantai-je, il faudrait vraiment que je te complique un peu les choses.

    Je pris ses deux petites mains chaudes dans ma main glacée et je lui caressai les cheveux de mon autre main, ils étaient doux et soyeux. Je ne me lassais pas de leur texture, de leur parfum. Elle était tellement hypnotisée par moi qu'elle ne se rendait pas compte du danger permanent que j'étais pour elle. A cet instant, j'aurais pu lui briser la nuque sans effort. Elle pensait que les choses étaient simples et naturelles pour elle. Mais c'était tout le contraire.

    ----- - Tu n'as qu'a risquer ta vie à chaque seconde passée avec moi, lui fis-je remarquer, ce n'est pas grand-chose, n'est-ce pas ? Tu as juste à tourner le dos à ta nature, à ton humanité... c'est si peu payer, bien sûr.
    ----- - Très peu. Je ne me sens privée de rien.
    ----- - Pas encore.

    Elle ne se sentait privée de rien, car elle n'était pas privée de son humanité. Contrairement à la vision d'Alice qui prédisait qu'elle serait un jour un vampire. Cette éventualité m'aurait donné les larmes aux yeux si seulement cela était possible. Et pour couronner le tout, je n'avais même pas été capable de dissimuler la tristesse dans ma voix, et Bella essayait de voir mon visage. Je préférais cependant la serrer contre moi plutôt qu'elle remarque mon désarroi.

    ----- - Que..., tenta-t-elle.

    ----- - Le comportement de Bella était étrange... je me demande...essaye-t-elle de me cacher quelque chose ?...

    Je venais de percevoir quelques bribes des pensées de Charlie. Je l'entendais bouger dans le salon. Ses pas se dirigeaient vers l'escalier, mais ils étaient trop rapide pour laissé penser qu'il allait se coucher. Et d'après ce que je venais de comprendre, il avait l'intention de venir voir si Bella dormait réellement ou si elle avait fait le mur. Je relâchais alors Bella précipitamment, et je m'éclipsais sans bruit par la fenêtre que Bella avait laissé ouverte, en restant accroché au volet. Bella n'avait pas compris ce qu'il venait de ce passer dans ma tête.

    ----- - Couche-toi, lui sifflai-je.

    Comprenant enfin, elle m'obéit sans mot dire, et se précipita sous la couette, et fis mine de dormir en se tournant sur le flanc. Charlie passa la tête par la porte pour s'assurer qu'elle était bien là. Bella essayait d'avoir une respiration calme et posée... en vain, sa respiration était beaucoup trop rapide pour faire croire qu'elle était un train de dormir paisiblement. Heureusement pour elle, son père n'avait pas une ouïe aussi développée que la mienne.

    ----- - Elle disait la vérité... pourtant elle ne semblait pas si fatiguée tout à l'heure... je me suis trompé...

    Les pensées de Charlie étaient vraiment dures à décrypter. Mais heureusement, pas aussi dures que celles de sa fille. Dès qu'il eu refermé la porte, je sortie de ma cachette pour enlacer Bella qui n'avait pas osé bouger une oreille. Décidément, sa respiration était beaucoup trop contrôlée pour paraitre naturelle. Je lui fis une baisé sur l'oreille pour qu'elle se retourne.

    ----- - Tu es une très mauvaise actrice, raillai-je. Autant te prévenir, cette carrière n'est pas pour toi.
    ----- - Quel dommage !

    Les battements de son cœur s'étaient accélérés, ce qui signifiait une montée d'adrénaline. Et même si j'aurais préféré passer la nuit à discuter avec elle, il était nécessaire qu'elle dorme pour être en forme demain. Je me mis alors à fredonner sa berceuse...

    ----- - Veux-tu que je chante pendant que tu t'endors ?
    ----- - Ben voyons ! Comme si j'allais réussir à dormir pendant que tu es ici !
    ----- - Ce serait loin d'être une première.
    ----- - Je ne savais pas !
    ----- - Puisque tu ne veux pas dormir...

    Après tout, je n'y tenais pas plus que ça. Ça me permettait justement de passer encore plus de temps avec elle éveillée. J'avais laissé ma phrase en suspend, et elle avait cessé de respirer. Elle était incorrigible ! Elle ne ménageait vraiment pas son cœur, avec toutes les émotions qu'elle lui infligeait... certes, j'étais responsable de la plupart, mais je ne me sentais pas coupable pour autant.

    ----- - Oui ? demanda-t-elle impatiente et nerveuse.
    ----- - Que veux-tu faire ?
    ----- - Je n'en sais rien. Répondit-elle, prise de court.
    ----- - Tiens-moi au courant quand tu auras décidé.

    Moi, par contre, je savais très bien ce dont j'avais envie. Je respirais avidement son parfum, je fis glisser mon nez le long de son cou, puis me dirigeais le long de son menton... la brulure qui me tiraillait la gorge était maintenant lointaine. Je n'étais plus le même vampire que celui qui était partit ce matin en randonnée avec elle. Elle m'avait transformé.

    ----- - Je croyais que tu étais insensibilisé ?
    ----- - Ce n'est pas parce que je résiste au vin que je n'ai pas le droit d'en humer le bouquet. Tu as une odeur très florale, un mélange de lavande et de... freesia. Très appétissant.
    ----- - C'est ça. On me le dit tous les jours !

    Je ris face à son indifférence. Elle était une bouffée de fraicheur pour ma triste vie. Je ne pourrais plus jamais me passer d'elle !

    ----- - J'ai décidé, reprit-elle. Je veux en savoir plus sur toi.
    ----- - Je t'en prie, pose-moi une question.

    Sa curiosité me gênait beaucoup à présent. Elle réfléchit un moment. Comme si son choix était décisif, et qu'elle n'avait droit qu'à une seule question. Son front se plissa légèrement, faisant apparaître cette petite ride entre ses sourcils qui me fascinaient.

    ----- - Pourquoi avez-vous choisis ce mode de vie ? Que vous fournissiez autant d'effort pour combattre votre nature me dépasse. Attention, ça ne signifie pas que j'en suis mécontente, au contraire. Simplement, je ne vois pas pourquoi vous vous embêtez.

    Cette question était surprenante, surtout venant d'une humaine. Mais Bella était une surprise perpétuelle. Je pris tout de même le temps de la réflexion pour y répondre. Je ne voulais pas être un monstre comme autrefois.

    ----- - C'est une bonne question, et tu n'es pas la première à me la poser. Ceux de notre espèce qui sont satisfaits de leur sort s'interrogent aussi. Mais ce n'est pas parce que nous avons été... façonnés selon un certain modèle que nous n'avons pas le droit de désirer nous élever, dépasser les frontières d'un destin qu'aucun de nous n'a voulu, essayer de retenir un maximum de notre humanité perdue.

    Bella resta parfaitement immobile, elle ne répondit pas, et les battements de son cœur s'étaient apaisés.

    ----- - Tu dors ? Chuchotai-je au bout de quelques minutes.
    ----- -Non.
    ----- - C'est tout ce que tu voulais savoir ?
    ----- - Rêve !
    ----- - Quoi d'autre, alors ?
    ----- - Pourquoi peux-tu lire les pensées des autres, toi seulement ? Et Alice prévoir le futur ?
    ----- - Nous l'ignorons. Carlisle a une hypothèse... il croit que tous nous apportons nos caractéristiques humaines les plus fortes dans notre seconde vie, où elles s'amplifient, à l'instar de notre esprit et de nos sens. D'après lui, je dois avoir été très sensible aux gens qui m'entouraient. Et Alice aurait eu un don de prémonition.
    ----- - Qu'a-t-il apporté, lui ? Et les autres ?
    ----- - Carlisle, sa compassion. Esmée, son aptitude à aimer passionnément, Emmett, sa force, Rosalie, sa... ténacité. A moins que tu appelles ça de l'obstination, précisai-je en riant. Jasper est très intéressant. Il était plutôt charismatique, dans sa première vie, capable d'influencer ses proches pour qu'ils voient les choses à sa façon. Aujourd'hui, il arrive à manipuler les émotions des gens alentour. Il calme une pièce de gens en colère par exemple ou, a l'inverse, stimule une foule léthargique. C'est un don très subtil.

    Je lui laissais le temps nécessaire pour qu'elle puisse assimiler tranquillement cette information sans qu'elle ne l'effraie. Elle avait l'air de plutôt bien prendre les choses. D'ailleurs, elle ne tarda pas à me poser une autre question.

    ----- -Où tout a commencé ? Carlisle t'a transformé, mais quelqu'un doit s'être occupé de lui avant ça, et ainsi de suite.
    ----- - Et toi, d'où viens-tu ? Evolution ? Création ? Serait-il impossible que nous ayons évolué comme les autres espèces, prédateurs et proies ? Ou si tu doutes que ce monde a surgi de lui-même, ce qu'il m'est difficile d'accepter moi aussi, est-il si dur de croire que la même force qui a créé le délicat ange de mer et le requin, le bébé phoque et la baleine tueuse ait créé nos deux espèces en parallèle ?
    ----- - Soyons clairs : je suis le bébé phoque, c'est ça ?
    ----- - Oui !




    Dernière partie



    Je ne pus m'empêcher de rire encore une fois. Cet instant était magique, nous étions tous les deux heureux, elle d'être dans mes bras, et moi d'être près d'elle sans lutter pour ne pas la tuer. Je lui déposais alors un furtif baiser dans les cheveux, certain qu'elle ne le sentirait pas.

    ----- - Tu es prête à dormir ou tu as d'autres questions ?
    ----- - Juste un ou deux millions.
    ----- - Nous avons demain, après demain et tous les jours qui suivront...
    ----- - Es tu certain que tu ne seras pas évanoui au matin ? Tu es un être mythique après tout.
    ----- - Je ne te quitterai pas.

    Non, je ne la quitterai pas, pour la simple et bonne raison que j'en étais complètement incapable.

    ----- - Juste une dernière, alors...

    Cependant, elle ne termina pas sa demande, et sa peau s'enflamma. Elle rougissait...

    ----- - Quoi ? L'encourageai-je
    ----- - Oublie. J'ai changé d'avis.
    ----- - Bella, tu peux demander ce que tu veux.

    Elle ne répondit pas, et son silence commençait vraiment à m'agacer. Ne pas pouvoir lire en elle était un supplice.

    ----- - Je ne cesse d'espérer que de ne pas lire tes pensées finira par être moins frustrant, gémis-je, mais c'est de pis en pis.
    ----- - Je suis bien contente que tu n'y arrives pas. C'est déjà assez pénible que tu m'espionnes quand je divague en dormant.
    ----- - S'il te plaît... la suppliai-je en étant le plus persuasif possible.

    Elle refusa de me faire partager ses pensées. Que me cachait-elle. Qu'est ce qui pourrait être si embarrassant qu'elle ne pourrait me dire. Je ne voulais pas qu'elle ait honte de ses idées, ou qu'elle s'en sente gênée. Je voulais qu'elle me fasse confiance en me faisant partager justement ce genre de chose. Jamais je ne me moquerais d'elle à ce sujet.

    ----- - Si tu te tais, j'en serais réduit à supposer que c'est encore pire que ça ne l'est. Je t'en prie.
    ----- - Eh bien... commença-t-elle par céder.
    ----- - Oui ?
    ----- - Tu as dit que Rosalie et Emmett se marieraient bientôt. Est-ce que... ce mariage... représente la même chose que pour les humains ?

    J'éclatais de rire, rassuré. Ainsi donc, c'est l'idée d'un mariage entre vampire qui la mettait si mal à l'aise. Avait-elle craint que je prenne mal le fait qu'elle veuille savoir si les vampires étaient capables de traditions comme le faisaient les humains ?

    ----- - C'est donc ça que tu as en tête ?

    Elle se tortilla, gênée.

    ----- - Oui, je suppose que c'est l'équivalent. Encore une fois, la plupart de ces désirs humains sont en nous, seulement cachés par des désirs plus puissants.
    ----- - Oh.
    ----- - Ta curiosité avait-elle un but précis ? Demandai-je innocent
    ----- - Je me demandais juste... à propos de toi et moi... un jour...

    Je n'avais pas envisagé cette éventualité. Ainsi sa vraie question n'était pas sur le mariage entre vampire mais plutôt sur le mariage entre un vampire et une humaine. Entre elle et moi. C'était tout simplement inenvisageable. La seule façon pour nous d'avoir un avenir dans le mariage serait de la transformer. Et ça je ne le permettrais jamais. Je serais présent à ces côtés tout au long de sa vie, tant qu'elle voudra de moi. Mais je ne pourrais pas faire plus. Ce serait beaucoup trop dangereux pour elle.

    ----- - Je ne crois pas que ce... que ça serait possible pour nous.
    ----- - Parce que... cette intimité serait trop difficile à supporter pour toi ?
    ----- - Sans doute. Mais ce n'est pas ce à quoi je pensais. Tu es si douce, si fragile. Je dois sans arrêt veiller à mes actes pour ne pas te faire du mal. Je pourrais te tuer si facilement, Bella, par accident.

    Je voulais qu'elle comprenne mes réelles motivations. Elle devait comprendre, que mon refus était indépendant de ma volonté. Je pris sa joue dans ma paume, elle était tellement chaude qu'elle me brulait presque.

    ----- - Si je me précipitais, ou si, le temps d'une seconde, mon attention se relâchait, je pourrais, en touchant ton visage, t'écraser le cerveau par mégarde. Tu ne réalises pas à quel point tu es susceptible d'être brisée. Jamais au grand jamais je n'aurais le droit de perdre le contrôle en ta présence.

    Elle ne répondit pas, ne réagit pas, elle resta immobile, les yeux fixés. Avait-elle enfin compris toute l'ampleur de ce que je représentais ? Lui avais-je enfin ouvert les yeux sur le danger qu'elle encoure à chaque seconde passée avec moi ? Etait-elle effrayée au point de ne pas me répondre ? me répondrait-elle encore un jour ? Un jour, elle réalisera qu'elle n'a rien a faire avec quelqu'un comme moi, un vampire, que je ne lui apporte rien de bon, et ce jour-là, je la perdrais pour de bon. Ce jour était-il déjà arrivé ?

    ----- - Je te fais peur ? Demandai-je, n'y tenant plus de ce silence.
    ----- - Non, pas du tout.

    Le soulagement éteignit mon angoisse naissante. Ces questions sur le mariage avaient éveillé ma curiosité sur un autre point. C'est donc un peu plus léger que je repris.

    ----- - Tu as éveillé ma curiosité. As-tu déjà...
    ----- - Bien sûr que non ! protesta-t-elle en s'empourprant de plus belle. Je t'ai dit que je n'avais jamais éprouvé ça pour personne, même de loin.
    ----- - Je sais, mais je connais les pensées des autres. L'amour et le désir ne vont pas toujours ensemble.
    ----- - Pour moi, si. Enfin, maintenant qu'ils sont entrés dans ma vie, soupira-t-elle.
    ----- - Très bien. Nous avons au moins une chose en commun.
    ----- - Tes instincts humains... Et zut ! Est-ce que tu me trouves un tout petit peu attirante de ce point de vue-là ?
    ----- - Je ne suis peut-être pas un humain, mais je suis un homme. Lui assurai-je en lui ébouriffant les cheveux.

    Elle bailla, ce qui trahissait sa fatigue. Je ne voulais pas qu'elle lutte contre son envie de dormir pour converser avec moi.

    ----- - J'ai répondu à tes questions. Maintenant, tu devrais dormir.
    ----- - Je ne suis pas certaine d'y arriver.
    ----- - Tu veux que je m'en aille ?
    ----- - Non !

    Je n'en avais aucune intention de toute manière... pour l'aider à dormir, je lui fredonnais sa berceuse. Elle avait l'air de l'apprécier. Et elle ne tarda pas à sombrer dans le sommeil.

    Oriane cléry


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