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    Bienvenue sur les Outtakes !

     

    Découvrez ici des parties des romans de Stephenie Meyer, malheureusement reffusés par les éditeurs ou rédigez après publication.

     

    Une bonne dose d'humour garantie...

     

     

     

       


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    Note de Twilight Lexicon : J'ai envoyé un e-mail grincheux à Stephenie voilà quelques temps (NdT : ce texte est de 2006) demandant comment les utilisateurs de MySpace avaient eu droit à plusieurs petits bouts et extras de Twilight, extraits non publiés dans les livres. Étant la très généreuse et équitable auteur que nous connaissons, et sachant bien que je ne cesserais de l'embêter jusqu'à ce qu'elle me donne quelque chose, Stephenie m'a envoyé ce petit outtake pour que tout le monde à Lexicon puisse le lire.
De ce que j'ai pu en comprendre, dans le manuscrit original de Twilight, Bella, Edward et Alice restèrent un moment à Phoenix pendant qu'elle se remettait de ses blessures, puis ils passèrent par Las Vegas sur le chemin du retour. Cette scène se passe dans un casino de Las Vegas. Bella a encore son plâtre.


          Le matin suivant, nous allâmes au casino. La lumière du jour ne pouvait filtrer à l'étage des jeux, ce fut donc très facile. Edward me dit qu’il était souvent attendu d’eux qu’ils aillent perdre un peu d’argent dans l’hôtel – les suites comme la nôtre étaient réservées à cette classe spéciale de visiteurs connu comme étant de gros joueurs.   Tandis qu’ils marchaient – et que je faisais avancer ma chaise roulante – à travers les hectares du casino élégamment décoré, Alice s’arrêta trois fois devant une machine à sous particulière et glissa une carte dans le scanner. Chaque fois qu’elle faisait cela, une sirène se mettait à hurler, les lumières flashaient, et une simulation sonore de pièces tombant indiquait que ses gains avaient été crédités à sa chambre. Elle essaya de me pousser à le faire une fois, mais je secouais la tête, sceptique.
         - Je pensais que tu étais supposée perdre de l’argent, l’accusai-je.
         - Oh, je vais le faire, m’assura-t-elle. Mais pas avant de les avoir fait transpirer un peu.
         Son sourire était inique.
         Nous atteignîmes une section de l'énorme casino plus luxueusement décorée, où il n’y avait ni machine à sous, ni touristes habillés de façon décontractée, avec des gobelets en plastique pleins de pièces.
           Des chaises recouvertes de tissu remplaçaient les tabourets de bar orientables, et les voix étaient basses, sérieuses. Mais nous continuâmes encore plus loin, passant plusieurs portes ornées d’or, vers une autre pièce, sûrement privée, encore plus somptueuse. Finalement je compris pourquoi Alice avait insisté sur le châle vert émeraude de soie entourant la robe qu’elle m’avait passée aujourd’hui, pourquoi elle-même portait un long sarong* en satin blanc – avec un petit haut en dentelle qui ceinturait son estomac blanc et plat – et pourquoi Edward était si incroyablement irrésistible dans un autre costume en soie claire. Les joueurs dans cette salle étaient tous habillés avec une splendeur huppée dont le coût devait dépasser mon imagination. Quelques-uns des impeccables hommes les plus vieux avaient même des jeunes femmes aux robes sans bretelles étincelantes qui se tenaient derrière leurs chaises, comme dans les films. J’eus pitié de ces magnifiques femmes lorsque leurs yeux se posèrent sur Alice et Edward, réalisant leur propre insuffisance à la vue de la première, et mesurant l'insignifiance de leurs partenaires en lorgnant le second. J’étais une énigme, et leurs yeux glissèrent sur moi avec insatisfaction.
         Alice s’échappa vers les longues tables de roulette, et je grimaçai en pensant aux dégâts qu’elle allait provoquer.
         - Tu sais jouer au Black Jack, bien sûr, me murmura Edward à l’oreille en se penchant.
         - Tu plaisantes ?
         Je pouvais sentir mon visage pâlir.
         - Connaissant ta chance, je ne pourrais pas perdre de meilleur façon qu’en te laissant jouer, gloussa-t-il.
         Il me fit rouler jusqu’à une table où trois chaises étaient encore libres. Les deux hommes asiatiques exceptionnellement dignes, et habillés de façon immaculée me jetèrent un coup d’œil incrédule tandis qu’Edward me soulevait doucement pour me reposer sur un des sièges libres, et prenait le siège à côté du mien. La beauté orientale délicate qui se tenait en bout de table regarda avec une incrédulité empreinte d’insulte Edward me caresser les cheveux d’une façon possessive.
         - N’utilise qu’une main, souffla-t-il presque en silence dans mon oreille. Et garde tes cartes au-dessus de la table.
         Edward dit quelques mots discrets au donneur, et deux impressionnantes piles de jetons bleu foncé apparurent sur la table devant nous. Ils n’avaient pas de chiffres – et je ne voulais pas savoir, de toute façon. Edward poussa une petite pile devant lui, et une plus grande devant moi. Je lui lançai un regard furieux, prise d'une panique embarrassante, mais il sourit simplement d’un air espiègle, pendant que le donneur distribuait rapidement les cartes. Je pris précautionneusement les miennes d’une seule main, les tenant au-dessus de la table, rigides. J’avais deux neuf. Edward tenait ses cartes avec souplesse ; je pouvais voir qu’il avait un cinq et un sept. Je jetai un regard circonspect aux deux gentlemen à côté de moi, absorbée mais terrifiée, regardant avec soin le protocole concernant cette table de Black Jack réservée aux gros joueurs. À mon grand soulagement, cela semblait assez facile. Le premier tapa légèrement le haut de ses cartes du bout des doigts et reçut une carte, le second glissa le bout de ses cartes sous sa mise, les laissant sur la table, et ne regarda pas. Je reposai rapidement mes cartes, les fourrant maladroitement sous mes jetons – les joues en feu – quand le donneur me regarda. Je notai tardivement que le donneur avait une reine. Edward effleura légèrement la table**, et le donneur jeta un neuf sur la table devant lui. Je lui jetai un regard furieux tandis que les hommes à côté de moi murmuraient d’un air appréciateur.
         Le donneur avait un valet, et je perdis, tout comme les deux gentlemen asiatiques. Il nous retira doucement nos jetons. J’entendis un brouhaha tamisé en provenance de la table de roulette, mais j’avais trop peur de regarder. Edward poussa une autre pile de mes jetons sur la table, et tout recommença.
         Quant je n’eus plus aucun jeton, Edward me donna la moitié des siens, incapable de contenir son sourire amusé. Il s’en sortait bien, gagnant trois fois plus souvent que les autres hommes à la table. Mais vu qu’il s’occupait du montant de mes mises, je perdais mes jetons plus vite qu’il n’empochait les siens. Je n’avais encore gagné aucune manche. C’était humiliant – mais au moins j’étais sûre de ne jamais devenir accro au jeu.
         Enfin, je perdis notre dernière pile de jetons. Les gentlemen asiatiques et leur escorte féminine regardèrent Edward avec une curiosité impressionnée tandis qu’il ne pouvait plus contenir son hilarité, gloussant silencieusement, mais avec un profond amusement, tandis qu’il me remettait dans ma chaise roulante. Je piquai un fard et gardai mes yeux sur l’épais tapis alors qu’il me poussait, toujours en riant.
         - Je suis la pire joueuse de l’histoire, murmurai-je pour m’excuser.
         - En fait, tu ne l’es pas. C’était tellement drôle.
         Il rit de nouveau.
         - Tu n’as rien fait de mal, si ce n’est jouer de façon un peu conventionnelle. Les chances pour que tu perdes toutes les manches...
         Il secoua la tête, tout sourire.
         Nous arrivâmes à la table de roulette, juste à temps pour regarder Alice perdre sa spectaculaire pile de jetons, dans un tour de roulette désastreux. Les nombreux joueurs pleins d’espoir qui avaient parié avec elle sur le dix-sept noir avaient l'air assassin.
         - Avons-nous assez perdu ? murmurai-je pendant que nous passions les portes dorées.
     â€¨   - Je pense que la maison est satisfaite. Tu es probablement leur cliente préférée aujourd’hui, ricana-t-il.
         - S’il te plaît, promets-moi une chose.
         - Tout ce que tu veux.

         - Ne me dis jamais, au grand jamais combien nous avons perdu aujourd'hui, s’il te plaît.
         Nous étions de retour dans le casino bruyant à ce moment-là, et son rire fut irrépressible.

     


    *Robe d'Asie du Sud-Est constitué d'une seule pièce de tissu rectangulaire qui se noue d'une façon particulière selon chaque pays
    **Les règles du Black Jack diffèrent souvent. En français le joueur demande une carte, ici, tout semble être dans le geste. 


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    Note de Stephenie Meyer :"La plus grande différence (et elle est ENORME) entre la première version de Tentation et la copie finale tient en cela : à l'origine, Bella ne découvrait jamais ce qui n'allait pas chez Jacob. Le livre était plus court à l'époque, il manquait les 70 pages cruciales dans lesquelles Jacob et Bella partagent tous leurs secrets, et scellent leur relation en un quelque chose au delà de l'amitié. (Avant de continuer à lire, ne vous laissez pas embrouiller par cette version. Ce n'est pas ainsi que ça s'est "vraiment passé". Tandis que ma connaissance du personnage de Jacob s'approfondissait, cette version me semblait de moins en moins bonne. (Bien sûr, Jacob allait enfreindre les règles - il est Jacob !)
    Il s'agit seulement du squelette - les os sans la peau.) Essayez d'imaginer ceci : Bella va voir Jacob chez lui et demande à connaître la vérité à propos du "culte". Jacob arrive avec Sam et les autres, et accepte de parler à Bella en privé. Il la largue (par manque de mot plus juste), et elle a le cœur brisé pour la seconde fois dans le livre. Ok, ca semble familier. Mais, plus tard cette nuit… rien ne se passe. Jacob n'enfreint pas la règle, en grimpant à sa fenêtre pour lui parler. Jacob ne donne aucun indice pour essayer de l'aider à découvrir ce qu'elle sait déjà. Bella est une nouvelle fois isolée, seule. Elle ne sait pas du tout que Victoria est là, la chassant, ou que les loups-garous sont là, la protégeant.Toutefois, Bella est trop persévérante pour accepter ce non de la part de Jacob. Elle n'a pas les mêmes problèmes d'amour-propre qu'avec Edward au début de Tentation pour l'arrêter. Non Jacob lui DOIT mieux que ca, merde, et elle va aller le chercher.Toutefois, elle ne le trouve pas, et ses recherches l'amènent près des falaises. Elle se souvient d'avoir vu le "gang" sauter dans le vide – et vous savez quelle junkie elle fait avec ses hallucinations. Sauter d'une falaise est son idée dans cette version. Quand Jacob lui sauve la vie, l'interaction entre eux est à 180 degrés de celle de la version finale."


         - Comment allons-nous sortir de là ?

         Je toussai et crachai ces mots. J'avais si froid maintenant que je ne pouvais plus sentir grand-chose, à part la chaleur de son corps tandis qu'il me retenait prudemment au-dessus des vagues, et la douleur dans mon dos. On aurait dit que le courant me tirait par les jambes, comme refusant de me lâcher, mais elles étaient si engourdies que j'avais très bien pu imaginer tout ça.
         - Je vais te tirer jusqu'à la plage. Tu vas essayer de rester immobile comme si tu étais inconsciente et ne pas te débattre. Ça sera plus facile pour moi.
         - Jake,
     dis-je anxieusement, Le courant est trop fort. Tu ne pourras sûrement pas y arriver tout seul, sans parler de me tirer.
         - Je t'ai repêchée, non ?

         Il me tenait trop étroitement pour que je puisse voir son visage, mais sa voix semblait légèrement arrogante.
         - Oui acquiesçais-je dubitativement. Comment as-tu fait? Le courant…
         - Je suis plus fort que toi.

      Je voulus répliquer, mais l'eau décida de sortir de mon estomac juste à ce moment.
         - Ok, dit-il quand j'eus fini de vomir, je dois te sortir de là. Rappelle-toi, reste immobile.
       J'étais trop faible pour discuter, mais j'étais terrifiée de quitter la sécurité du rocher et de laisser les vagues reprendre possession de moi. Aussi résignée que j'eusse été à l'idée de me noyer il y a deux minutes, j'étais maintenant terrifiée. Je ne voulais pas retourner dans l'obscurité. Je ne voulais pas que l'eau recouvre mon visage encore une fois.
         Je sentis quand Jacob quitta le rocher d'un coup de pied vigoureux. J'étais sur le dos et il me tenait toujours sous les bras alors qu'il nageait vers le rivage. La mer agitée nous avait ébranlés, et je paniquai et commençai à battre des pieds.
         - Arrête ça, dit-il sèchement.
         Je m'obligeai à rester immobile, et ce fut plus difficile que je ne l'avais pensé, même si mes membres ankylosés ne désiraient rien d’autre que de se laisser flotter sans bouger.
         C'était incroyable - nous filions à travers les flots comme si un fil nous tirait vers le rivage. Jacob était le nageur le plus fort que j'avais jamais vu. Les mouvements du courant semblaient impuissants à perturber le chemin qu'il se faisait à travers les vagues. Et il était rapide. Une vitesse de record du monde.
         Puis, je sentis le sable frotter mes talons.
         - Ok, tu peux te lever, Bella.
         Aussitôt qu'il me lâcha, je retombai tête la première dans les vagues, à hauteur du genou.
         Il me rattrapa avant que je ne puisse m'étrangler avec plus d'eau, me jetant facilement sur son épaule et avançant sur la plage. Il ne disait rien, mais sa respiration semblait énervée.
        - Par ici, murmura-t-il pour lui-même, et il changea de direction.
         Je pouvais seulement voir, suspendue comme je l'étais sur son épaule, ses pieds nus laisser d'énormes empreintes dans le sable humide.
       Il me posa sur un coin de sable qui semblait sec. Il faisait sombre ici – je réalisai que nous étions dans une grotte peu profonde que les flots avaient creusée dans la falaise. La pluie ne pouvait pas m'atteindre directement, mais de petites éclaboussures de bruine rebondissaient sur le sable à l'extérieur et me touchaient.
        Je tremblais si fort que mes dents en claquaient – cela sonnait comme des castagnettes.
         - Viens là, dit Jacob, mais je n'eus pas à bouger.
         Il enroula son bras chaud autour de moi et me serra étroitement sur son torse nu. Je frissonnais, mais lui était impassible. Sa peau était si chaude – comme s’il avait de la fièvre.
         - Tu n'as pas froid ? bégayai-je.
         - Non.
         Je me sentis honteuse. Non seulement il m'avait vaillamment sortie de l’eau, mais maintenant il me faisait sentir que j'étais faible.
         - Je suis une vraie mauviette, marmottai-je.
         - Non, tu es normale.
         Il y avait de l'amertume dans sa voix. Il me devança rapidement, ne me laissant pas la chance de lui demander ce qu'il voulait dire.
         - Tu comptes me dire ce que tu voulais faire? me demanda-t-il.
         - Plongeon depuis la falaise. Divertissement.
         Incroyable, mais il y avait encore de l'eau dans mon estomac. Elle choisit ce moment pour faire son apparition. Il attendit que je puisse à nouveau respirer.
         - Tu as l'air de t'être bien amusée.
         - C'était amusant, jusqu'à ce que je heurte l'eau. On ne devrait pas aller chercher de l'aide ou quelque chose ?
         Mes dents claquaient toujours, mais il comprit ce que je disais.
         - Ils arrivent.
         - Qui vient ?
     demandai-je, suspicieuse et surprise.
         - Sam et les autres.
         Je grimaçai.
         - Comment sauraient-ils que nous avons besoin d'aide?
         Mon ton était sceptique.
         Il grogna.
         - Parce qu'ils m'ont vu courir et me jeter de la falaise après toi.
         - Tu m'observais?
     l'accusai-je, légèrement outrée.
         - Non, je t'ai entendue crier. Si je t'avais vue, je t'en aurais empêchée. C'était vraiment stupide, tu sais.
         - Tes amis le font bien.
         - Ils sont plus costauds que toi.
         - Je suis une bonne nageuse,
     protestai-je, malgré les faits.
         - Dans une pataugeoire, répliqua t-il. Bella, il y a un ouragan qui approche. Tu n'as pas réalisé ou quoi ?
         - Non,
     admis-je.
         - Stupide, répéta-t-il.
         - Ouais, avouai-je en soupirant.
         Il faisait si froid et j'étais si fatiguée.
         - Reste éveillée.
         Jacob me secoua vigoureusement.
         - Arrête, râlai-je. Je vais pas m'endormir.
         - Alors ouvre les yeux.

         Sincèrement, je n'avais même pas réalisé qu'ils s’étaient fermés. Je ne le lui dis pas. Je les ouvris simplement et répondis :
         - Ok.
         - Jacob ?

         L’appel semblait proche malgré le bruit du vent et des vagues. La voix était profonde.Jacob se pencha de côté pour ne pas crier dans mes oreilles.
         - Dans la grotte, Sam!
         Je ne les entendis pas approcher. Tout d'un coup, la petite grotte se remplit de jambes brunes. Je levais la tête, sachant mes yeux remplis de méfiance et de colère, consciente de la proximité de Jacob. Ses bras m'entouraient, mais soudainement je me sentis comme si j’étais celle qui le protégeait.
         Le visage impassible de Sam fut la première chose que je vis. Une impression confuse de déjà-vu me submergea. La grotte sombre n'était pas si différente de la forêt la nuit, et, une fois de plus, je me retrouvais faible et sans défense à ses pieds. Il me sauvait à nouveau. Je le toisai, agacée.
         - Est-ce qu'elle va bien ? demanda-t-il à Jacob avec la voix assurée du seul adulte parmi des gamins.
         - Je vais bien, rouspétai-je.
         Personne ne m'écouta.
         - Il faut la réchauffer, elle s'endort, lui répondit Jacob.
         - Embry ? demanda Sam, et un des garçons s'avança, tendant à Jacob une pile de couvertures.
         Le ton de commandement de Sam m'irritait au plus haut point. C'était comme si aucun d'eux n'était capable de quoi que ce soit avant qu'il ne l'ait autorisé. Je lui lançai un regard noir et féroce tandis que Jacob enroulait les couvertures autour de moi.
         - Sortons-la d’ici, ordonna Sam froidement.
         Il se pencha vers moi avec ses bras ouverts, mais s'arrêta net quand je m’écartai de lui.
         - Je m'en occupe, Sam, dit Jacob, passant ses bras sous moi et me soulevant avec aisance tandis qu'il se levait.
        - Je peux marcher, protestai-je.
         - D'accord.
         Jacob me remis sur pieds et attendit.
         Mes jambes se dérobèrent. Sam me rattrapa dans ma chute; instinctivement, je luttai contre ses mains.
         Jacob m'attrapa de nouveau, m'écartant de Sam et me balançant dans ses bras. Il était ridiculement fort pour son âge. Je fronçai furieusement les sourcils quand Sam passa à nouveau les couvertures autour de moi.
         - Paul, tu as toujours ce poncho ?
         Un autre garçon s'avança sans dire un mot et ajouta une couche de plastique sur les couvertures.
         Ce fut à ce moment là, enveloppée dans des couches de protection, que je réalisai que Sam et les autres n'étaient pas plus vêtus que Jacob. J'avais pensé que Jacob avait déchiré ses vêtements après avoir sauté à ma suite, mais ils étaient tous nu-pieds et torse nus, portant seulement un short ou un jean coupé aux genoux, trempé par la pluie. Des gouttes tombaient de leurs cheveux et ruisselaient le long de leurs torses couleur caramel ; ils ne semblaient pas s'en apercevoir. Sous ma pile de couvertures, je tremblais sans pouvoir me contrôler et me sentais comme un petit enfant ridicule.
         - Allons-y, ordonna Sam, et tous sortirent de la grotte.
         Il y avait un sentier qui partait de la plage. Ils gravirent agilement le chemin escarpé, Jacob aussi rapidement que les autres. Personne ne se proposa de l'aider, et il ne demanda rien. Ne pas avoir les mains libres ne paraissait pas gêner Jacob. Il ne trébucha à aucun moment.
         Sam et les trois autres étaient devant nous, et, tandis que je les regardais escalader avec l'agilité de chamois en pleine montagne, je fus surprise de constater à quel point ils se fondaient dans le paysage. Ils se mêlaient harmonieusement avec les couleurs des rochers et des arbres, le mouvement du vent; ils ne faisaient qu'un avec leur environnement.
         Je jetai un coup d'œil furtif vers Jacob; lui aussi semblait faire corps avec le reste. Les nuages, l'orage et la forêt encadraient son visage de façon parfaite. Il paraissait encore plus naturel, plus à l'aise, bien plus que le Jacob heureux qui travaillait dans son garage fait maison, encore plus que dans son petit royaume. C'était perturbant.
         Nous atteignîmes le sommet, un peu plus bas sur la route que là où je m'étais aventurée. Je pouvais voir une vague bosse, couleur rouille, un peu plus au Sud, et je devinai qu'il s'agissait de ma camionnette.
         Je voulus essayer de marcher à nouveau, mais Jacob ignora mes murmures plaintifs. Ils s'arrêtèrent à l'orée de la forêt, comme s'il leur était plus facile de se mouvoir parmi les arbres plutôt que le long de la route. Et ils bougeaient vite; mon camion se rapprochait plus rapidement qu'il ne l'aurait dû.
         - Où sont tes clés? demanda Jacob tandis qu'on se rapprochait.
         Sa respiration était toujours calme et régulière.
         - Dans ma poche, répondis-je automatiquement avant de réaliser ce qu'il voulait dire.
         - File-les moi.
         Je lui jetai un regard furieux, mais son visage était impassible et déterminé. Renfrognée, j’enfonçai ma main dans mon jean trempé et en sortis ma clé. Je me débattis avec les couvertures pour libérer ma main. Je lui tendis la clé.
         - Pour toi ou pour Sam ? demandai-je, aigrie.
         Il leva les yeux au ciel.
         - Je vais conduire.
         Dans un soudain et rapide mouvement, il inclina sa tête vers moi et saisit la clé de ma main avec ses dents.
         - Hé ! objectai-je surprise, sursautant dans ses bras.
         Il esquissa un sourire ironique, la clé dans la bouche.
         Nous étions arrivés à la camionnette maintenant; Sam ouvrit la portière passager et Jacob me poussa à l'intérieur. Jacob fit le tour jusqu'au côté conducteur tandis que le reste d'entre eux s'entassait à l'arrière. Jacob mit le moteur en marche et alluma le chauffage, tournant les volets pour que la chaleur vienne de mon côté. Je jetai un œil coupable dans le rétroviseur, vers ses amis qui étaient assis sans bouger, à moitié nus sous la pluie battante.
         - Et puis qu’est-ce que tu faisais dehors, de toute façon ? demandai-je à Jacob. T’étais en train de nager au milieu de l'ouragan, toi aussi ?
         - Nous courions,
     répondit-il brièvement.
         - Sous la pluie ?
         - Oui… heureusement pour toi.

         Je ne dis plus un mot et regardai par la vitre.
         Nous ne retournions pas sur la 110 comme je le pensais, mais plutôt vers chez les Black.
         - Pourquoi tu me ramènes chez toi ?
         - Je vais chercher ma moto pour la mettre à l'arrière pour le trajet du retour – à moins que tu veuilles me laisser ta camionnette.
         - Oh.
         - Et puis, je voulais que Billy te voie. Je ne veux pas que Charlie entende parler de cette histoire avant de te savoir complètement saine et sauve. Il m’arrêterait sûrement pour tentative de meurtre ou un truc du genre,
     ajouta t-il avec amertume.
         - Ne sois pas stupide, rétorquai-je.
         - D'accord, admit-il. On a déjà eu une bonne dose de stupidité ce soir… Sauter de la falaise !
         Je rougis et regardai droit devant moi.
         Jacob me porta dans la maison. Les autres suivaient en silence. Le visage de Billy était sans expression.
         - Que s'est-il passé? demanda t-il, dirigeant sa question vers Sam plutôt que vers son propre fils.
         Je lui jetai un regard noir.
         - J’ai plongé du haut de la falaise, dis-je rapidement, avant que Sam ne puisse répondre.
         Billy leva un seul sourcil et garda ses yeux sur Sam.
         - Elle est gelée, mais je pense qu'elle ira mieux avec des vêtements secs, dit Sam.
         Jacob m'installa sur un petit canapé, qu'il poussa rapidement près du chauffage. Les pieds du canapé crissèrent bruyamment sur le parquet de bois. Puis il disparut dans sa minuscule chambre.
         Billy ne dit rien au sujet de son fils trempé, ni de n'importe lequel d'entre eux. Personne ne semblait se préoccuper d'une éventuelle hypothermie autre que la mienne.
         Je me sentais mal en pensant au fait que je trempais le sofa, mais je n’arrivais pas à garder ma tête assez droite pour que mes cheveux mouillés épargnent le tissu du canapé. Même les grandes et inquiétantes silhouettes qui remplissaient la pièce étroite, alignées le long des murs sans bouger, n’arrivèrent à me faire garder les yeux ouverts. Je me sentais enfin réchauffée près du radiateur bourdonnant, et mes poumons me faisaient mal d'une façon qui me poussait vers l'inconscience plutôt que de me laisser éveillée.
           - Je ne devrais pas la réveiller pour la changer ? entendis-je Jacob murmurer, s'adressant sans doute à Sam.
           - Comment est sa peau ? demanda la voix profonde de Sam.
         Je voulus lui envoyer un autre regard noir, mais mes yeux ne daignaient plus s'ouvrir.
Les doigts de Jacob effleurèrent légèrement ma joue.
         - Chaude.
         - Laisse-la dormir alors, je pense.

         J'étais contente qu'ils me laissent enfin tranquille.
         - Charlie ? demanda Jacob.
         Billy répondit cette fois-ci.
         - Il viendra sûrement ici en premier. Attendons que l'orage passe pour l'appeler.
         Bonne réponse, pensai-je. J'étais là, entourée par des hommes étranges que j'avais appris à craindre, mais je me sentais paradoxalement en sécurité et au chaud.
         Quelqu'un parla, une voix que je ne connaissais pas.
         - Vous voulez que nous y retournions tous les trois?
         Il y eut une pause.
         - Je pense qu'il vaut mieux, oui, dit finalement Sam. L'orage est une couverture parfaite, on ne sera pas pris au dépourvu.
         - Trois ça suffit ?
     demanda Billy, soudainement tendu.
         Quelqu'un eut un rire guttural.
         - Aucun problème.
         - S'il n’y en a qu’un,
     corrigea sévèrement Sam.
         Personne ne répondit, mais j'entendis la porte s'ouvrir.
         - De la retenue, mes frères, Sam parlait à nouveau, comme quelqu'un faisant ses adieux. Soyez rapides et confiants.
         Je fus légèrement réveillée par cet échange de paroles, mais je gardai une respiration régulière.
         - Frères, les autres répétèrent à l'unisson.
         J'entendis la voix de Jacob se joindre aux autres.
         La porte se referma doucement. Il n'y eut plus aucun bruit pendant un long moment, et la chaleur me dirigea à nouveau vers l'inconscience. J'étais sur le point de succomber quand Sam parla calmement.
         - Tu n'as pas voulu la quitter.
         - Si elle se réveillait, je pense qu'elle aurait peur de toi.

         Jacob semblait sur la défensive.
         - Tu ne peux pas faire ça, Jacob. Sauver sa vie était la chose à faire aujourd'hui, bien sûr. Mais tu ne peux pas la garder près de toi.
         Je dus me mordre la langue pour stopper la réponse acide que je voulais lui balancer. Mais il paraissait plus important d'écouter maintenant.
         - Sam… Je… Je pense que je peux y arriver. Je pense qu'il n'y a pas de danger.
         - Un seul moment de colère, c'est tout ce qu'il faudrait. À quel point t’en es-tu rapproché hier après-midi ?

         Jacob ne répondit pas.
         - Je sais à quel point c'est dur.
         - Je sais que tu sais,
     approuva Jacob.
         Non, voulus-je lui crier. Ne t’écrase pas comme ça !
         - Sois patient, Sam lui conseilla. Dans un an ou deux…
         - Elle sera partie,
     conclut amèrement Jacob.
         - Elle n'est pas pour toi, Sam dit gentiment.
         Jacob ne répondit rien, et j'étais tiraillée. Je détestais tomber d'accord avec Sam sur quoi que ce soit. Et je ne voyais pas pourquoi cela devait rendre notre amitié hors-la-loi.
         Il faisait trop doux pour que je puisse me concentrer, et dans le silence qui suivit cet échange, je perdis le combat contre mon esprit fatigué. Tout près, j'entendis une voix exquise qui fredonnait une berceuse familière, et je sus que je m’étais endormie.

         La coupe précédente semblait être une bonne introduction à l'épilogue original de Tentation. En restant dans cet univers alternatif, souvenez-vous que, même si Bella sait qu'il y a quelque chose de bizarre chez Jacob, elle ne sait toujours pas qu'il est un loup-garou. Dans l'épilogue, Edward et elle sont à nouveau à Forks, et les choses reviennent à la normale…

         Epilogue – Humain
         C'était l'une de ces rares journées ensoleillées, celles que j’aimais le moins. Mais Edward ne pouvait pas tenir sa promesse à chaque minute. Il avait des besoins.
         - Alice pourrait rester encore une fois, avait-il proposé, tard le vendredi soir.
         Je pouvais voir l’anxiété derrière son regard – la peur de me voir péter un plomb quand il me laissait seule et que je fasse quelque chose de stupide. Comme aller chercher ma moto à La Push, ou jouer à la roulette russe avec le pistolet de Charlie.
         - Tout se passera bien, dis-je avec un faux air assuré.
         Tant de mois à prétendre que tout allait bien avait amélioré mon don pour tromper les gens.
         - Vous avez besoin de manger, vous aussi. Autant se replonger dans la routine.
         Presque tout était revenu à la normale, en moins de temps que je l'aurais cru possible. L'hôpital avait accueilli Carlisle à bras ouverts, ne se préoccupant pas le moins du monde de cacher leur plaisir en entendant qu'Esmé avait trouvé Los Angeles si peu à son goût. À cause de l'examen de maths que j'avais raté pendant mon escapade, Alice et Edward étaient mieux placés que moi pour avoir leur bac. Charlie n'était pas content de moi – ni même de parler à Edward – mais au moins Edward avait la permission de revenir à la maison. Je n'avais juste pas la permission d'en sortir.
         - J'ai toutes ces dissertations à rédiger, de toute façon, soupirai-je, montrant les piles de candidatures pour l’université – Edward en avait récupéré une dans chaque établissement qui lui paraissait correct et dont la date limite d'inscription était toujours ouverte – qui étaient posées sur mon bureau. Je n'ai pas besoin de distractions.
         - C'est vrai, dit-il avec une sévérité teintée de moquerie. Tu as plus que de quoi t'occuper. Et je serai de retour quand il fera de nouveau nuit.
         - Prends ton temps,
     lui dis-je légèrement, et je fermai les yeux, feignant d’être fatiguée.
         J'essayais de le convaincre que je lui faisais confiance, ce qui était le cas. Il n'avait pas besoin de savoir pour mes cauchemars zombiesques. Ils ne reflétaient pas mon manque de confiance en lui – c'était sur moi que je ne pouvais pas compter.
         Charlie resta à la maison, ce qui était plus qu’anormal pour un samedi. Je travaillais mes candidatures sur la table de la cuisine de façon à ce qu'il puisse garder un œil sur moi plus facilement. Mais j'étais ennuyeuse à mourir à regarder, et il finit par ne quitter que rarement la télé des yeux, pour vérifier si j'étais encore là.
         J'essayais de me concentrer sur les formulaires et les questions, mais c'était dur. De temps à autre je me sentais seule; ma respiration s'emballait et je devais me battre pour me calmer.
         Je sentais comme cette petite locomotive dans Dumbo – sans cesse je devais me dire à moi-même, tu peux y arriver, tu peux le faire, tu peux le faire.
         Alors, quand la sonnette de la porte retentit, la surprise fut plus que bienvenue. Je n'avais aucune idée de qui cela pouvait être, et je m'en fichais à vrai dire.
         - J'y vais ! braillai-je, m'échappant de la table.
         - D'accord, dit Charlie d'un ton absent.
         Quand je traversai le salon en courant, il était clair qu'il n'avait pas bougé d'un pouce.
         J'arborais déjà un sourire de soulagement et de bienvenue, prête à éblouir tout démarcheur à domicile ou bien tout Témoin de Jéhovah.
         - Salut, Bella, dit Jacob Black en me renvoyant un sourire malicieux, quand la porte s'ouvrit.
         - Oh, Jacob, salut, marmonnai-je, surprise.
         Je n'avais plus entendu parler de lui depuis que j'avais réussi à rentrer d'Italie vivante. J'avais accepté son dernier au revoir comme un point final. Cela faisait mal quand j'y repensais, mais pour être tout à fait honnête, mon esprit avait été trop occupé avec d'autres choses pour qu'il me manque autant qu'il aurait dû.
         - Tu es libre ? demanda t-il.
         Le ton amer dans sa voix n'avait pas disparu, et il disait cela avec beaucoup de ressentiment.
         - Ça dépend, dis-je d'une voix acide, imitant la sienne. Je ne suis pas si occupée, mais par contre je suis assignée à domicile. Finalement pas si libre que ça, donc.
         - Mais tu es seule, sinon, pas vrai ? clarifia t-il sarcastiquement.
         - Charlie est là.
         Il plissa les lèvres.
         - J'aimerais te parler en privé… si c'est possible.
         Je levai mes mains en l'air, impuissante.
         - Tu peux demander à Charlie, répondis-je, masquant mon triomphe.
         Charlie ne me laisserait jamais sortir de la maison.
         - Ce n'est pas ce que je voulais dire, dit-il, ses yeux sombres soudain redevenus plus sérieux. Je ne demandais pas la permission à Charlie.
         Je lui lançai un regard furieux.
         - Mon père est la seule personne qui peut me dire ce que je peux ou ne peux pas faire.
         - Si tu le dis, déclara-t-il en haussant des épaules. Salut Charlie ! cria-t-il derrière moi.
         - C'est toi, Jake ?
         - Ouais. Est-ce que Bella peut faire une petite balade avec moi ?
         - Bien sûr,
     répondit Charlie naturellement, et mon sourire plein d'attente, s'attendant à un refus, se changea alors en une moue renfrognée.
         Jacob haussa ses sourcils comme pour me narguer.
         Le regard railleur que me lançaient ses yeux me fît réagir plus vite que je ne l'aurais fait habituellement. Je fus au dehors en moins d'une seconde, refermant la porte derrière moi.
        - Où est ce que tu veux aller ? demandai-je, faussement ravie.
         Pour la première fois, il paraissait moins sûr de lui.
         - Vraiment ? demanda t-il. Tu seras vraiment seule avec moi ?
         - Évidemment,
     dis-je, fronçant les sourcils. Pourquoi pas ?
         Il ne répondit pas. Il me dévisagea pendant une longue minute avec des yeux surpris et suspicieux.
         - Quoi ? demandai-je.
         - Rien, marmonna t-il.
         Il commença à marcher vers la forêt.
         - Allons plutôt de ce côté-ci, suggérai-je, lui indiquant l'angle ouest de la rue en contrebas.
         J'en avais eu assez de cette partie de la forêt, et ça ne risquait pas de me manquer avant longtemps. Il me jeta un regard furtif, redevenu méfiant. Puis il haussa les épaules pour lui-même et marcha d'un pas tranquille sur le trottoir vers la route en contrebas.
         C'était à son tour de parler, et je me tus, même si j'étais de plus en plus intriguée.
         - Je dois dire que je suis surpris, reprit-il enfin quand nous étions à mi-chemin du virage. Le petit buveur de sang ne t'a pas tout raconté ?
         Je me retournai brusquement et reprit le chemin de la maison.
         - Quoi ? demanda t-il, confus, rattrapant mon pas énervé d'un trait.
         Je m'arrêtai et lui jetai un regard furieux.
         - Je ne te parle pas si tu comptes être insultant.
         - Insultant ?

         Il cligna des yeux, surpris.
         - Tu peux appeler mes amis par leurs vrais prénoms.
         - Oh.

         Il semblait toujours un peu surpris que je trouve le surnom qu’il avait utilisé offensant.
         - Alice alors, ça te va? Je peux pas croire qu'elle ne t'ait toujours rien dit.
         Il reprit son chemin vers le bas de la route et je le suivis à contrecœur.
         - Je ne sais pas de quoi tu veux parler.
         - Ça te fatigue pas, au bout d’un moment, de jouer à être stupide ?
         - Je ne joue pas,
     dis-je amèrement. Apparemment, je suis vraiment stupide.
         Il me dévisagea patiemment.
         - Humpf, marmonna t-il.
         - Quoi ? demandai-je.
         - Elle ne t'a vraiment rien dit à propos de moi ?
         - À propos de toi ? Qu'est ce qu'il y a à propos de toi ?

         Il fronça les sourcils un instant tandis qu'il scrutait mon visage à nouveau. Puis il secoua la tête en signe de résignation et changea de sujet.
         - Est-ce qu'ils t'ont déjà demandé de choisir ?
         Je sus précisément ce qu'il voulait dire.
         - Je te l'ai dit qu’ils ne feraient pas ça. Tu es le seul qui est obsédé par le fait de choisir un camp.
       Il émit un rictus, et ses yeux se rétrécirent.
         - Nous verrons bien.
         De façon soudaine, il se pencha et me saisit dans ses bras, dans une accolade d'ours, soulevant mes pieds du trottoir.
         - Lâche-moi ! luttai-je futilement.
         Il était trop fort.
         - Pourquoi ? riait-il.
         - Parce que je ne peux plus respirer !
         Il me lâcha, reculant d'un pas avec un sourire espiègle sur son visage.
         - Tu es drogué, accusai-je, baissant mes yeux de gêne, faisant comme si je lissais mon T-shirt.
         - N'oublie juste pas que je t'avais prévenue, grimaça t-il avec satisfaction, se penchant à nouveau – pas assez loin – entourant mon visage de ses grandes mains.
         - Hé, Jacob… protestai-je, ma voix montant d'une octave, me couvrant la bouche de façon infantile avec une main.
         Il m'ignora, inclinant sa tête pour écraser ses lèvres sur mon front pendant une longue seconde. Le baiser semblait avoir commencé comme une blague, mais son visage était fâché quand il le releva.
         - Tu devrais me laisser t'embrasser, Bella, dit-il en s'écartant, ses mains relâchant leur étreinte. Tu pourrais même aimer ça. Quelque chose de plus chaud, pour changer.
         - Je t'avais prévenu dès le début, Jacob.
         - Je sais, je sais,
     soupira t-il. C'est ma faute. C'est moi qui n'ai pas su tenir la grenade.
         Je regardais vers le sol, mordant ma lèvre.
         - Tu me manques toujours, Bella, dit-il.  Beaucoup. Et puis, juste quand on aurait pu au moins être à nouveau amis, il revient.
         Je lui jetai un regard noir.
         - S'il n'y avait pas Sam, nous serions amis de toute façon.
         - Tu le penses vraiment ?

         Jacob sourit soudain, et le sourire était arrogant.
         - Ok, alors je laisse la décision entre ses mains.
         Il était clair qu'il ne faisait pas référence à Sam.
         - Qu'est ce que tu veux dire?
         - Je serai ton ami – si ça ne lui pose pas de problème,
     proposa Jacob avant de se mettre à rire comme s'il s'agissait d'une bonne blague.
         Je fronçai les sourcils, mais je n'allais pas passer à côté de cette occasion inattendue.
         - Très bien, dis-je en tendant la main devant moi. Amis.
         Il me serra la main avec un rictus.
         - La part d'ironie c'est que – s'il te laisse être mon amie, (Il renifla, ironique)  ça pourrait probablement marcher. Je suis plus fort à ça que le reste d'entre eux. Sam dit que je suis du genre naturel.
         Il fit une moue indignée.
         - Du genre naturel de quoi? demandai-je perdue.
         - Je laisse le soin au buveur de sang de te le dire – quand il t'expliquera pourquoi tu n'es pas autorisée à être amie avec moi.
         Jacob rit à nouveau. Je me retournai automatiquement, mais il m'attrapa par l'épaule.
         - Désolé. Ça m'a échappé. Je voulais dire… Edward, bien sûr.
         - Bien sûr. N'oublie pas que tu as passé un accord,
     lui rappelai-je sombrement.
         - J'essaierai de respecter ma part du contrat, ne t'en fais pas.
         Il gloussa.
         - Je vois toujours pas pourquoi c’est si marrant, me plaignis-je.
         - Tu verras.
         Il continua de rire.
         - Même si je ne peux pas garantir que tu trouveras ça marrant.
           Il continua de se balader mais de retour vers la maison, et je devinai qu'il avait fini de me raconter tout ce qu'il avait prévu de me dire.
         - Comment va Sam ? demandai-je d'un ton affable.
         - Pas très content, comme tu peux t'en douter, dit il, de fait. Tu ne peux pas attendre de nous qu’on soit super heureux de revoir les vampires débarquer en ville.
         Je le fixai, mon visage glacé par le choc.
         - Oh, allez, Bella, grogna t-il, levant les yeux au ciel.
         Je haussai les sourcils et regardai ailleurs, tandis qu'il gloussait à nouveau. Mon humeur s'embrasa.
         - Et comment va Quil ? raillai-je.
         Son expression se transforma tout à coup en un regard noir.
         - Je ne le vois pas beaucoup, grogna t-il.
         - Tant mieux.
         - C'est qu'une question de temps
    , dit-il d'un ton dégoûté, énervé. Maintenant.
         - Maintenant quoi ?
         - Que tes amis sont de retour.

         Nous nous fixâmes pendant un moment.¨
         - Je ne peux pas te parler quand tu te comportes comme ça, objectai-je finalement.
         Je ne m'attendais pas à ce qu'il recule, mais il le fît.
         - Tu as raison. Je ne suis pas très sympa, hein ? Je ne devrais pas bousiller ce moment - c'est probablement la dernière conversation qu'on aura.
         - Ça va être vraiment amusant de prouver que tu as tort,
     marmonnai-je.
         - C'est marrant. Je ne pense pas que moi, ça va beaucoup m’amuser de te prouver à quel point tu as tort.
         Nous étions de retour à la maison. Jacob m'accompagna jusqu'au porche, puis s'arrêta.
         - Est ce qu'il rentre bientôt ? demanda nonchalamment Jacob.
         - Edward, tu veux dire ?
         - Oui… Edward.

         Ça paraissait dur pour lui de prononcer ce nom. Il avait eu moins de problème avec "Alice".
         - Un peu plus tard, dis-je évasivement.
         Jacob plissa les yeux vers le soleil, qui rayonnait à travers de fins nuages de façon inhabituelle.
         - Ah, dit il, sous-entendant qu'il avait compris. Dis-lui salut de ma part, lâcha t-il avec un autre long éclat de rire.
         - Bien sûr, râlai-je.
         - Je ne peux pas te dire à quel point j'aimerais que tu puisses comprendre cette blague-là, dit-il quand il eut fini, son sourire disparaissant. La Push, c'est mortel sans toi.
         Si rapidement que j’en eus le souffle coupé, Jacob jeta à nouveau ses bras autour de moi.
         - Bye, Bella, marmonna t-il, expirant chaudement dans mes cheveux.
         Avant que je ne puisse me ressaisir et lui répondre, Jacob se retourna et se dirigea vers le bas de la rue, ses mains fourrées dans les poches de son jean. Ce fut seulement à ce moment-là que je me demandais comment il avait fait pour venir jusqu'ici. Il n'y avait pas la moindre trace d'un véhicule. Mais ses longues jambes le portèrent si loin que j'aurais dû crier pour lui demander. Et puis j'étais sûre qu'il rencontrerait Sam quelque part dans les parages.     Il me semblait que tout ce que je pouvais encore faire avec Jacob était de lui dire au revoir. Je soupirai.
         Charlie ne me jeta même pas un regard tandis que je passais près de lui.
         - C'était bref, remarqua t-il.
         - Jacob jouait les morveux, lui répondis-je.
         Il rit un court instant, les yeux rivés sur la télé.
         Sur ce, je pris mon boulot avec moi dans ma chambre, déterminée à mieux me concentrer dessus. Je savais que si je restais dans la cuisine, je ne pourrais pas détacher mes yeux de l'horloge au dessus de la cuisinière avant un bon moment. Dans ma chambre, j'avais juste à débrancher le réveil pour résoudre ce problème. J'avais déjà rempli 5 formulaires, prêts à être postés, quand le bruit de la pluie attira mon attention. Je regardais au dehors de la fenêtre. Apparemment, le beau temps en avait eu assez. Je souris fugitivement, et repris à la question suivante. J'avais encore de longues heures devant moi.
       Quelque chose de dur m'attrapa par la taille et me projeta hors du lit.
         Avant que je puisse reprendre mon souffle pour crier, mon dos était collé au mur du fond de ma chambre. J'étais maintenue là par quelque chose de dur et froid – et familier. Un grognement bas et alerté sorti d'entre ses dents.
         - Edward, qu'est-ce qui ne va pas ? Qui est là ? murmurai-je, terrorisée.
         Il y avait tant de mauvaises réponses à cette question. Il était trop tard. Je n'aurais jamais dû les écouter, j'aurai dû laisser Alice me changer dès que possible. Je commençais à suffoquer de peur.
         Puis soudain Edward dit « Hmm » d'une voix qui ne semblait pas le moins du monde concernée. « Fausse alerte.»
         Je repris une profonde, calme inspiration.
         - Ok.
         Il se tourna vers moi, reculant un peu pour me laisser de l'espace. Il mit ses mains sur mes épaules, mais ne me serra pas contre lui. Ses yeux scrutaient mon visage, et son nez parfait se plissa un peu.
         - Désolé pour ça, il sourit d'air piteux. J'ai un peu paniqué.
         - Pourquoi ? demandai-je.
         - Une minute, dit-il.
         Il fit un pas en arrière et me regarda avec une étrange expression que je ne pouvais déchiffrer.
         - Premièrement, pourquoi tu ne me dirais pas plutôt ce que tu as fait aujourd'hui?
         - Ça allait
    , dis-je sans respirer. J'en suis à la moitié.
         - Seulement la moitié ?
     taquina t-il, ses yeux me parcourant encore avec cet étrange regard.
         - Tu es revenu tôt. Non pas que je me plaigne.
         Maintenant que j'avais réussi à dépasser le moment de panique, je pouvais sentir le déferlement de bonheur qui arrivait à l'intérieur de moi. Il était revenu.
         - Est-ce que tu as fait autre chose? continua t-il, comme dans l'attente.
         Je haussai les épaules.
         - Jacob Black est passé.
         Il acquiesça, pas le moins surpris.
         - Il a choisi le bon moment. Je suppose qu'il a dû attendre que je m'en aille.
         - Sûrement,
     admis-je, soudain anxieuse. Parce que, Edward, il… et bien, il semble qu'il soit au courant de tout. Je ne sais pas pourquoi il a commencé à croire Billy juste maintenant…
         - Je le sais,
     marmonna t-il.
         - Comment ça ? demandai-je, prise de court.
         Mais Edward s'était éloigné, le visage distant et pensif. Je commençai à m'énerver.
         - C'est si fatiguant. Est-ce tu vas finir par me dire ce qui se passe ?
         - Peut-être,
     mais il hésita. Est-ce que je peux te demander une faveur d’abord ?
         Je grognai.
         - D'accord.
         J'allai m'asseoir sur le lit, essayant de rassembler les papiers éparpillés.
         - Qu'est que tu veux ?
         Il savait qu'il y avait peu de choses que je ne ferais pas pour lui. Demander en devenait même superflu.
         - J'apprécierais vraiment beaucoup si tu me faisais la promesse de rester loin de Jacob Black. Juste pour ma tranquillité.
         J'étais bouche bée. Je le regardai avec une incrédulité horrifiée.
         - Tu blagues, dis-je sans pouvoir le croire.
         - Non, je ne blague pas. (Il me regardait avec un regard sombre.) Tu as failli me faire faire une attaque il y a un instant – et ce n'est pas la chose la plus facile à faire.
         Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire par là, seulement qu'il était en train de faire exactement l’inverse de ce que je pensais qu’il ferait.
         - Tu n'es pas sérieux. Tu ne peux pas honnêtement me demander de choisir un camp.
         - Choisir un camp ?
     me demanda t-il, levant les sourcils.
         - Jacob a dit que je devrais choisir, que tu ne me laisserais pas être amie avec lui – et je lui ai répondu que c'était ridicule.
         Je le regardais avec des yeux implorants – l'implorant avec toute la confiance que j’avais en lui.
         Ses yeux se rétrécirent lentement.
         - Même si je hais profondément donner raison à Jacob Black… commença t-il.
         - Non ! gémis-je. Je n'y crois pas !
         Je donnais un coup de pied énervé et ma pile de formulaires bien nette retomba à nouveau sur le sol. Ses yeux devinrent froids.
         - Tu pourrais choisir l'autre camp, me rappela t-il.
         - Ne sois pas idiot ! grognai-je.
         - Je n'avais pas réalisé à quel point il était important pour toi, dit Edward avec une voix sombre.
         Ses yeux se plissèrent à nouveau.
         - Tu ne peux pas être jaloux, marmonnai-je incrédule.
         Il renifla, puis plissa son nez à nouveau.
         - Eh bien, il semblerait qu'il se soit bien rapproché cet après-midi.
         - Ce n'était pas mon idée.

         Mais je rougis. Il s'en aperçut. Et leva un sourcil.
         - Il n'y a aucune et n'aura jamais aucune raison pour toi d'être jaloux de qui ou de quoi que ce soit. Comment peux-tu en douter ? Mais Jacob est important pour moi. Il est le meilleur ami humain que j'ai. Il fait partie de la famille. S'il ne s'agissait pas de Jacob...
         Je perdis mes mots, en secouant ma tête. Être morte n'était pas la pire des choses que je pouvais être sans Jacob.
        - Meilleur ami humain, répéta Edward très doucement, regardant de façon absente au travers de ma fenêtre pendant une seconde puis se retournant vers moi.
         Il vint s'asseoir près de moi sur le lit, tout en laissant un petit espace entre nous, ce qui me surprit.
         - Je dois admettre, je lui dois une fière chandelle – au moins une – pour t'avoir sauvée du tombeau des eaux. Malgré tout ça, je… préférerais que tu gardes tes distances. Que je sois jaloux ou pas, ce n'est pas le problème. Mais tu dois comprendre que la seule chose qui importe vraiment pour moi maintenant, c'est ta sécurité.
         Je clignai des yeux de surprise.
         - Sécurité ? Enfin qu'est ce que tu veux dire par là ?
         Il soupira, renfrogné.
         - Ce n'est pas à moi de te révéler ce secret. Pourquoi n'as-tu pas demandé à Jacob ce qui se passait ?
         - Je l'ai fait.

         Il mit un doigt sur sa bouche, me rappelant de ne pas parler trop fort.
         - Je l'ai fait, encore et encore, continuai-je énervée, mais un ton plus bas. Et Jacob a dit « Je laisse le soin au buveur de sang de te le dire – quand il t'expliquera pourquoi tu n'es pas autorisée à être amie avec moi. »
         Il leva les yeux au plafond, alors je continuai.
         - Il a aussi dit de te dire salut, ajoutai-je, utilisant le même ton moqueur que Jacob avait utilisé.
         Il secoua sa tête, puis sourit d'un air piteux. Il posa ses mains sur mes épaules, me tenant un peu à distance, comme s’il voulait avoir un meilleur aperçu de mon expression.
         - Très bien, dans ce cas, dit-il. Je vais tout te dire. En fait, je vais tout t'expliquer dans le détail et je répondrai à la moindre de tes interrogations. Seulement, peux-tu faire un petit quelque chose pour moi d'abord ? (Il leva ses sourcils, s'excusant presque, et plissa son nez à nouveau.) Pourrais-tu aller te laver les cheveux ? Tu empestes littéralement le loup-garou.



         Je dois l'admettre, j'ai toujours un petit faible pour cette dernière réplique.

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  • Voici un bref (ha ha) résumé de l'histoire jusqu'ici, [NdT : texte écrit avant la parution d'Hésitation et Révélation], si vous êtes Jacob Black :

         Voilà, tu es un gamin heureux. Tu as quelques bons amis, ton père est vraiment cool, même s'il est un peu superstitieux. Tu te débrouilles pas mal à l'école – tu n'as pas à travailler trop dur pour y arriver. Tu as beaucoup de liberté. Tu aimes tout ce qui touche la mécanique.
         Un jour, la fille du meilleur ami de ton père arrive dans le coin. Elle est vraiment mignonne dans son genre, mais, plus que ça, vous êtes exactement sur la même longueur d'onde tous les deux. Même état d'esprit. Bella fait une sortie avec tous ses amis du lycée, et elle paraît très intéressée par tout ce que tu dis. Elle te plait immédiatement, mais tu sais qu'elle est hors d'atteinte. Elle est lycéenne, tu es un gamin – faut pas rêver. Malgré tout, tu penses beaucoup à elle. "Peut-être qu'un jour…" tu te dis.
         Bien sûr, tu es beaucoup plus intéressé maintenant, chaque fois que ton père parle de Charlie. Tu continues à le pousser à s'excuser auprès de Charlie pour les Cullen. Dans ta tête, c'est Billy qui est en tort. Tu le presses de s'excuser. Finalement, il le fait. Il se pointe là-bas pour un match de base-ball, et, naturellement, tu l'accompagnes. Quelqu'un doit bien conduire. (Tu sais que tu ne trompes personne, Billy voit totalement en toi.)
         Donc tu vois Bella avec un gars dans une super voiture (la voiture est la première chose que tu remarques. Des tonnes d'aménagements ont été faits dessus – rien n'est d'origine. Tu es impressionné). Tu as assez confiance en ta masculinité pour avouer qu'il est pas mal. Observateur comme tu l'es, tu peux voir l'étincelle qu'il y a entre eux. Tu soupires – pourtant, tu savais qu'elle serait très vite prise. Mais les relations du lycée ne durent pas des siècles, alors tu l'acceptes. Tu te demandes qui c'est (tu connais tout le monde dans le coin) et pourquoi ton père réagit si bizarrement.
     â€¨     Tu as une chance de parler à Bella, et c'est sympa, encore une fois. C'est vraiment agréable d'être avec elle. Tu la questionnes à propos du gars, et c'est un Cullen, maintenant tu as le pourquoi du comment de la réaction de Billy. Tu passes une bonne soirée avec Bella, excepté le fait qu'elle parait très dissipée et qu'elle porte un nouveau parfum que tu n'aimes pas du tout.
         Tu rentres chez toi et ton père est insupportable. Il appelle tous ses amis superstitieux. Tu peux entendre (en écoutant discrètement depuis ta chambre) qu'ils lui disent que ce ne sont pas ses affaires. Tu es d'accord, mais Billy ne te demande pas ton avis. Ton père pense que ce gars est littéralement une espèce de monstre – ça te fiche vraiment la honte.
     â€¨     Billy retourne rendre visite à Charlie, et il est toujours très inquiet pour Bella. Il est très tendu, et tu devines (il marmonne quand il est agité) qu'il pense qu'il est en train de violer ce légendaire traité. Tu es à moitié conscient qu'il faudrait que tu lui dises que tu as raconté l'histoire à Bella, mais tu sais que tu vas te faire enguirlander, donc tu ne dis rien.
     â€¨     Tu revois Bella avec son ami. Évidemment, c'est son petit ami – il l'embrasse dans le cou avant qu'elle ne rentre. Billy a presque une attaque. Oh, c'est vrai – vampires. Mince, ce vieillard va encore vous humilier tous les deux. Tu te demandes pourquoi son petit ami reste assis dans la camionnette…
     â€¨      Tu es plus triste que tu n'aurais pensé l'être. Tu pensais que tu aurais accepté que Bella ait un petit ami, mais cette preuve et plus déprimante que tu ne le pensais. Il y a une différence entre supposer quelque chose et le voir par soi-même. Soupir. Ton père t'envoie dehors chercher quelque chose, et tu réalises plus tard qu'il voulait parler à Bella seul à seul. Tu espères qu'il n'est pas passé pour un imbécile.
         La vie continue. Tu as plusieurs relations avec des filles de l'école, mais elles s'achèvent rapidement. Tu penses encore beaucoup à Bella. Tu espères que tu pourras juste passer encore de bons moments avec elle, mais ton père réagit toujours comme un idiot à propos des Cullen. Il ne te laissera pas lui rendre visite. Comme si tu allais être blessé ou un truc du genre. Tu lèves beaucoup les yeux au ciel.
         Un jour, Bella s'enfuit de Forks. Quand Billy te l'annonce, ça te blesse profondément. Tu t'inquiètes pour elle – ça te réveille la nuit. Tu n'avais pas idée à quel point elle était malheureuse. Tu es furieux que Billy ne t'ait pas laissé la voir. Peut-être que tu aurais pu l'aider…
     â€¨     Puis Charlie appelle Billy pour lui dire que Bella a eu un terrible accident à Phoenix – elle est tombée d'une fenêtre et elle est dans un sale état à l'hôpital. La nouvelle est comme une enclume qui te tombe sur la tête. Quand Billy apprend que le Dr. Cullen est là-bas en train de la soigner, il supplie Charlie de prendre l'avion immédiatement. Ils se disputent encore. Tu proposes de partir là-bas pour prendre de ses nouvelles, et Billy se déchire devant toi. Tu pars, mais tu es retenu au dernier moment. Tu l'entends au téléphone avec quelqu'un, hurler à propos de traités et de guerres – tu n'entends pas très bien à travers la porte. Mais tu l'entends dire que les Cullen ont blessé Bella, et il parle aussi de Sam. Tu te demandes ce que Sam Uley vient faire dans cette conversation. Mais tu ne t'attardes pas longtemps là-dessus. Tu es trop inquiet pour Bella.
         Bella guérit et revient à la maison. Tu meurs d'envie de la revoir – tu pourrais sûrement lui apporter au moins un bouquet de fleurs pour son bon rétablissement, un truc dans le genre. Mais Billy t'interdit d'y aller, et tu ne peux demander à personne de te prêter une voiture (ils sont tous de son côté). Tu n’arrives pas à croire à quel point cette histoire de vampires est allée loin.
         Et puis Billy change de comportement. Il veut que tu ailles parler à Bella. Mais il veut que tu gâches son bal de promo. Tu es mortifié. Mais il t'offre un pot-de-vin, et tu veux vraiment voir Bella. Alors tu y vas. Bella est tellement belle. Tu lui transmets le message embarrassant de Billy, mais, à ton grand soulagement, elle en rit avec toi. Tu vois la façon dont elle regarde Edward Cullen, et tu comprends qu'elle est vraiment hors d'atteinte. Mais tu vas bien, parce que tu sais aussi qu'elle sera toujours ton amie. Tu veux qu'elle soit heureuse, et ce gars la rend clairement heureuse. Tu te sens mal pour tous les préjugés de ton père envers les Cullen, et tu souhaites qu'il existe un moyen de l'excuser avec tact. Bella porte encore un drôle de parfum. Tu te demandes pourquoi elle l'aime bien.
     â€¨     Tu passes un super été à La Push. Tu travailles dans ton garage la plupart du temps, tu bosses quelques heures par semaine au magasin pour te faire un peu d'argent, tu sors avec Embry et Quil, tu fais quelques sorties en groupe. Une fille en pince pour toi, mais c'est juste une amie pour toi. Billy est toujours inquiet pour Bella, et tu ne peux pas t'empêcher d'être très attentif quand son nom est mentionné. Il y a un stupide gang qui se forme en ville, et toi et tes amis vous moquez de Sam et des siens derrière leur dos.

         L'école recommence, et tout est normal.
         Tard, une nuit, Billy reçoit un coup de fil affolé de Charlie. Bella a disparu, il pense qu'elle est perdue dans les bois. Billy lui promet de l'aide. Tu accours pour aider, mais il te dit non. Tu es tellement furieux que tu pars à pied quand même. Tu arrives là-bas vers trois heures du matin, et tout le monde s'en va à ce moment-là. Bella est endormie te disent-ils, donc tu ne rentres pas. Tu vois Sam, Jared et Paul, et ça te met hors de toi. M. Weber te propose de te ramener lorsqu'il te voit marcher. Il est le seul à t'annoncer que les Cullen sont partis. Les gens n'arrêtent pas d'en parler. Edward a quitté Bella dans les bois, et elle s'est évanouie là-bas.

         Au début, tes sentiments sont confus. Tu dois admettre que tu es quand même content, mais tu essaies de ne pas y penser. Ils ont tort – Bella doit être très malheureuse. Tu espères qu'elle va quand même bien.
     â€¨      Puis tu as les détails. Charlie est désespéré, et il appelle souvent Billy pour qu'il l'aide. Mais aucune de tes sœurs n'a connu cela, et Billy ne peux pas l'aider plus que ça. Tu apprends à quel point Bella va mal, dans un état catatonique, sans manger ni dormir.
         Tu commences à détester Edward Cullen. Comment a-t-il pu faire cela à une personne si géniale et si gentille ? Quelle espèce de monstre est-il ? Tu t'en veux d'avoir toujours voulu t'excuser auprès de lui.
     â€¨     Au même moment, tu es aussi furieux que les gens de La Push soient si heureux du départ des Cullen. Ça te met vraiment en colère. Ils font la fête pour la même chose que celle qui a dévasté Bella.

         Le temps passe, et Charlie est de plus en plus inquiet. Billy ne t'interdit plus d'aller voir Bella, mais tu sais d'instinct qu'elle n'a pas envie de te voir – ni toi ni personne d'autre. Tu essayes de ne pas trop t'inquiéter pour elle, mais c'est dur, Billy ramène toujours le sujet sur le tapis. Elle ressemble à un zombie selon Charlie. Elle n'a plus jamais souri depuis qu'Edward est parti.

         Les mois passent. Un jour, tu entends le ronronnement familier d'un engin devant la maison. Tu peux à peine le croire, mais Bella vient de s'arrêter. Tu es excité comme une puce jusqu'à ce que tu la regardes plus attentivement. Elle est dans un état encore pire que ce que tu avais imaginé. Elle a perdu beaucoup de poids et des cernes profonds entourent ses yeux. Ses cheveux semblent plus foncés, et elle est blanche comme un linge. On dirait qu'elle va s'écrouler à tout instant. Et puis elle te regarde, et elle sourit d'un véritable sourire. Elle est contente de te voir. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est tout pour toi.
     â€¨     Tu fais attention à tout ce qu'elle dit ou fait, sans qu'elle ne le remarque. Tu compares son image à ce que tu en as entendu dire par Charlie. Elle te parle des motos et tu es très excité. C'est quelque chose que tu maîtrises, et tu ne peux pas laisser passer cette occasion de crâner un peu. Elle a l'air vraiment à l'aise, et tu te sens pareil. C'est comme si elle avait été avec toi tous les jours durant les années passées – tu n'as pas l'impression de ne pas l'avoir vue pendant des mois. Vous vous amusez tous les deux, comme toujours. Même état d'esprit.
     â€¨     Tu commences à réaliser pendant les jours suivants que tu es bon à autre chose qu'à la mécanique : tu peux rendre Bella heureuse. Pas comme elle l'était avant, mais plus qu'elle ne l'était ces derniers temps. Charlie et Billy s'appellent tous les jours, et tu es transporté de joie à l'idée de pouvoir l'aider. Tu la vois aller de mieux en mieux – souriant et rigolant de plus en plus, très excitée à propos de vos petites manigances – et tu te dis au fond de toi que tu ferais tout pour elle.
     â€¨     Elle n'est pas redevenue comme avant, pourtant, et tu lui passes tous ses caprices. Elle a l'air de renaître d'elle-même, et tu lui donnes la place de le faire, juste en restant à ses côtés et en la laissant diriger.
     â€¨     Avec Bella, tout va bien, mais si ça n'était pas pour elle, la vie serait nulle. Embry a rejoint le culte débile de Sam, et tu es à la fois inquiet pour lui et en colère après lui. Il ne te reparle plus. Toi et Quil essayez de vous imaginer ce qui se passe, mais vous ne comprenez pas. Billy est tellement exaspérant à propos de tout ça, et il te regarde en riant tout le temps. Ça te rend anxieux. Tu en parles à Bella, et elle te remonte le moral parce qu'elle le prend au sérieux elle aussi. Elle te prend dans ses bras, et ton cœur explose presque.
         Bien sûr, tu es conscient que tu es en train de tomber amoureux d'elle. Tu sais aussi qu'elle n'est pas prête, et qu'elle ne pense pas à toi de cette façon. Tu sais être patient pourtant, et tu croises les doigts pour qu'un jour elle te voie différemment. Tu es content d'être si grand, parce que tu ne parais pas avoir seize ans. Tu prends de la carrure sans pour autant avoir à faire de la muscu comme le fait Quil, et ça te rend heureux aussi. Elle dit que tu es pas mal...
     â€¨     Elle t'invite à sortir avec sa bande d'amis, mais les plans tombent à l'eau, et il n'y a que toi, Bella et Mike Newton. Il est aisé de percevoir la tension dans l'air. Tu te détends quand tu les vois – elle n'aime pas trop ce gars. Elle n'est pas à l'aise avec lui comme elle l'est avec toi. Elle lui parle à peine. Tu apprécies le film d'horreur plus que ceux que tu as déjà vus. Elle te préfère. C'est évident.
     â€¨     Il tombe malade. Tu l'attends avec Bella, et tu te sens vraiment lourd. C'est bizarre – tu te sens supérieur, plein d'assurance. Tu planes, et les choses que tu lui dis te choquent toi-même. Tout sort comme ça. Elle admet que tu es son préféré, bien qu'elle pleure encore la pourriture qui lui a brisé le cœur. Pendant une demi-seconde, tu es rempli de rage à l'idée que quelqu'un puisse la blesser autant. Tu voudrais le tuer. Tu es surpris par cette vague d'émotion, et tu te reprends rapidement.
         Tu ramènes Bella chez elle, et tu es plein d'espoir. Ça va marcher. Tu es le seul avec qui elle est heureuse. Elle a besoin de toi. Tu feras tout ce qui est en ton pouvoir pour continuer à la rendre heureuse. Tu le lui promets. Tu te sens bien. Encore une fois...
     â€¨     Tu rentres à la maison, et Billy te regarde d'une façon agaçante. Tu te sens énervé, comme si on te plantait des aiguilles partout sur la peau. La pièce semble trop chaude – Bella t'a dit que tu avais de la température. Tu parviens avec peine à rester calme.
     â€¨     Billy dit que tu as l'air bizarre, d'une voix critique, et une vague de rage te transporte. Cette fois-ci, tu ne peux pas l'arrêter. Tu te sens perdre le contrôle, une colère si puissante que tout ton corps en tremble. Une part de toi sait que cette réaction est stupide, mais l'autre part, plus importante, est habitée par la fureur. Tout est brûlant, comme si la pièce était en feu. Tu peux sentir la chaleur dans tes os.
     â€¨     Et puis, horrifié et choqué tu vois que les tremblements sont de plus en plus incontrôlables et tu sens ton corps se détacher. Tu es terrifié. Ça prend seulement une seconde, mais c'est la plus longue seconde de ta vie. Tu te sens exploser, et tu as l'impression de mourir.
     â€¨     Mais ton corps se rattrape avant cela – tu ne voles pas en éclats. Tu es dans une nouvelle forme que tu ne comprends pas. Ta tête cogne le plafond, et tu regardes Billy d'une certaine hauteur. Les tremblements ont stoppé, mais la colère est toujours là. Tout ce qu'il y a autour de toi est brûlant et rouge. Tu essayes de crier après Billy pour qu'il t'explique, mais tout ce qui sort de ta bouche est un grognement monstrueux. Tu recules d'un pas, et la pièce tremble. Tes lèvres sont retroussées sur tes dents et tu peux t’entendre grogner et tu veux secouer Billy et lui demander ce qu'il t'a fait. Tu tends le bras dans sa direction, et cette énorme patte avec des griffes bouge à la place de ta main. Tu te regardes, et un terrible hurlement sort de ta bouche.

         Billy te parle comme si tu étais un enfant, lentement et calmement, te disant d'être calme, que tout va bien. Mais il ne te dit pas ce qui s'est passé – ce que tu es. Ça te met en colère à nouveau qu'il n'ait pas l'air surpris. Est-ce qu'il s'y attendait ? Pourquoi ne t'en avait-il pas averti ?
     â€¨     Billy s'approche du téléphone et appelle quelqu'un. Aussitôt que tu entends le nom de Sam, tu t'énerves. Sam était au courant de ça. Un horrible grognement emplit la maison. Billy paraît effrayé, et tu es juste en face de lui, tes mâchoires à deux doigts de le mordre. Tu te fais violence pour reculer, et entends encore ce cri effrayant.
     â€¨     C'est à ce moment que les voix commencent à parler dans ta tête. Mais il y a tellement plus que des voix. Derrière les mots, tu peux voir des images et ressentir des émotions. En quelques secondes, tu comprends. Tu vois le mot derrière ces mots, la réponse à ta question. Loup-garou. Tu es un monstre.
     â€¨     C'est Embry qui t'aide le plus. Tu reconnais sa voix même si elle n'a pas de son. Tu vois à quel point il est soulagé de t'avoir avec lui maintenant. Sam le laisse t'expliquer, le laisse te parler hors de la maison (Billy te facilite la tâche en te gardant la porte ouverte – tes épaules peuvent à peine passer). Dans les bois derrière la maison, tu vois les autres pour la première fois. Ils sont énormes et terrifiants. Tu es horrifié d'être comme eux.

         C'est une longue nuit. Ils te montrent tout. Toutes les histoires et les légendes dont tu as entendu parler au long de ta vie sont des faits historiques. C'est comme atterrir dans le pays d'Oz, où tout devient coloré, sauf que ce nouveau monde n'est pas un beau petit lieu rempli de munchkins. Tu es en train de vivre un film d'horreur. Tu es l'un des monstres. Ils te montrent pourquoi c'est arrivé, et c'est le pire. Parce que les vampires sont réels, eux aussi. Et c'est leur faute si tu t'es transformé en cette horrible chose. Plus que ça, à part le fait qu'il existe des vampires assoiffés de sang, ta meilleure amie, la fille que tu aimes, est toujours amoureuse de l'un d'entre eux. Au début, tu ne veux pas croire qu'elle connaît la vérité, mais ils réussissent à te convaincre qu'elle en est pleinement consciente. Ça te rend malade maintenant, de te rappeler combien elle a pleuré pour lui.
     â€¨     Tu es un monstre, toi aussi, mais pas un méchant. Tu es de ceux qui existent pour protéger ta famille contre les méchants. Et ce n'est pas facile. Surtout quand ils t'annoncent que ton statut de protecteur légendaire implique que tu ne peux plus fréquenter les gens normaux. Tu es trop dangereux pour ça maintenant. Dans six mois, dans un an, peut-être. Tu dois aller à l'école pour garder le secret, mais pas d'autres risques inutiles. À l'école, tu dois focaliser toute ton énergie pour rester calme. Oublie tes études. Contente-toi de ne tuer personne.

         Et Bella, c'est totalement hors de question. Quand tu protestes, tu vois les souvenirs de Sam. C'est comme si tu y étais. Tu le vois implorer Emily. Tu entends la réponse qui a envoyé Sam dans un accès de folie irrationnelle – la furie qui est la marque de fabrique et le fléau de l'existence des loups. Tu le vois se mettre hors de lui, sa main toujours tendue vers elle. Tu regardes ses griffes lacérer son visage. Tu la vois tomber par terre, inconsciente. Tu ressens sa panique, sa terreur. C'est si fort qu'il ne peut pas se retransformer pour l'aider. Tu penses que tu es en train de regarder sa mort (même si tu sais qu'elle est toujours en vie, ça te frappe – tu ressens la souffrance du souvenir). Tu vois Jared et Paul accourir pour aider, amenant Sue Clearwater (une aide-soignante – le meilleur choix possible quand l'un des employé de l'hôpital est un vampire). Sue s'occupe d'Emily tandis que Sam se tord de douleur dans la forêt, caché, encore incapable de revenir à lui-même…
     â€¨     Et tu comprends qu'ils ont raison, tu ne peux pas voir Bella. Ta promesse sera inutile. Tu vas la blesser, comme l'autre monstre.
         En regardant les souvenirs de Sam continuer à défiler, tu vois comment revenir à toi-même. Tu te calmes comme il l'a fait, et tu reviens à ta forme normale. Nu et malade, tu t'enfonces dans le noir et tu pleures comme tu n'as jamais pleuré de ta vie.
         Les autres sont surpris. Il leur avait fallu des jours, voire des semaines pour comprendre vraiment comment redevenir humain.

         Ta nouvelle vie commence sur des accès de tension. Non seulement les vampires sont réels, mais en plus ils sont ici. Des nouveaux, pas les Cullen. Ils chassent dans le coin, et c'est ton job de les arrêter. Tu peux le faire. Toute ta haine envers ce qu'Edward et le reste des Cullen ont fait à Bella est canalisée dans ta chasse après ces deux-là, le mâle aux cheveux noirs et sa compagne aux cheveux oranges.
     â€¨     Tu attrapes le mâle en un rien de temps. Tu flaires le vampire, en prenant soin de l'éviter. Jared fait le guet, car ses yeux sont comme des télescopes – il peut voir à des kilomètres. Le vampire s'arrête dans une petite clairière, et Jared le voit parler à Bella. Tu te précipites vers eux, mais Sam hésite. Tu as dépassé les frontières du traité. Est-il un des amis des Cullen ? Il a violé le traité avec ses meurtres, mais tu ne peux pas le prouver – tu n'en as pas été témoin. Sam ne veut pas commencer une guerre sans être sûr des conséquences. Tu penses qu'il devient trop précautionneux. Vous vous disputez, et quand il est clair que Laurent veut faire du mal à Bella, Sam est aussitôt à tes côtés.
         Tuer Laurent est plus simple que vous ne vous y étiez attendus. C'était peut-être dû au fait que vous étiez cinq contre un ? Tu sais que ce n'est pas le cas. Toi et Sam avez fait le plus gros du boulot, et tu penses que tu aurais pu le faire tout seul. Peut-être que les vampires ne sont pas aussi solides que les histoires le laissent penser.
     â€¨     L'image du visage terrifié de Bella dans la clairière est toujours ancrée en toi. Elle était horrifiée – plus horrifiée par ta nouvelle image que par le vampire aux yeux rouge sang. Tu te demandes constamment comment elle s'explique ce qu'elle a vu.
     La chasse continue, et la femelle aux cheveux orange vous donne plus de fil à retordre. La meute ne comprend pas ses motivations, il est donc difficile de deviner ses actes. Et elle est vraiment très forte pour s'éclipser.
         Avoir un vampire dans les pattes te rend nerveux. Ils ont tous l'air d'en avoir après Bella, à la fin. Tu tournes autour de sa maison la nuit, pour t'assurer qu'elle est en sécurité.
         La vie quotidienne devient une corvée. Mais les autres sont impressionnés par ton contrôle, et durant ces quelques semaines à traquer la vampire aux cheveux orange, ils sont de plus en plus stupéfaits. Tu es meilleur pour contrôler tes "épisodes" (comme tu les appelles) que les autres. Il avait fallu an et demi à Sam pour arriver au point où tu en es au bout de deux semaines. Tu es déjà meilleur pour ça qu'Embry, Jared et Paul. Mais ça ne te rend pas plus heureux pour autant. Pourquoi quelqu'un voudrait-il être meilleur en tant que loup-garou qu'un autre ?
         Pourtant, tu commences à penser que tu pourrais aller voir Bella. Tu es certain, maintenant que tu sais à quoi t'attendre, que tu peux te contrôler en sa présence. Et elle appelle tout le temps. Les monstres dans la forêt l'ont sans aucun doute traumatisée. Elle a besoin de toi. Ça occupe tes pensées la plupart du temps. Sam te met en garde – personne mieux que lui ne peux savoir ce qu'on ressent lorsqu'on a fait une erreur.
         Tu ne peux même pas lui parler par téléphone. Tous les loups et les anciens sont perturbés par tes souvenirs – ils ont été si prudents par rapport au traité, et tu l'as brisé, bien qu'inconsciemment. Au moins, les vampires qui avaient signé le traité sont partis, donc ça ne provoquerait pas de guerre. Et Bella ne semblait pas croire plus que ça à cette histoire... Mais Sam te donne un ordre : tu n'es pas autorisé à dire la vérité à Bella. Il te l'a dit sous sa forme de loup, et tu peux percevoir tout l'autorité que ça implique à travers ses pensées. C'est le chef de meute, et tu ne peux pas lui désobéir.
     Bella est persistante pourtant, et tu n'es pas surpris de la voir camper devant la maison. Tu convaincs les autres que tu peux soutenir une conversation, de toute façon elle doit bien avoir lieu. Sam accepte – il ne veut pas être trop dictatorial dans son rôle de chef de meute, surtout avec toi (mais c'est une autre histoire). Il te conseille de rester calme, et il insiste sur le fait que tu dois lui dire ce qui est nécessaire pour la garder éloignée. Il pense à Emily, et comment peux-tu lui en vouloir ?
         C'est plus difficile que tu le pensais. Tu regardes le visage de Bella alors que tu reviens sur tes mots, et c'est comme si quelqu'un te plantait une lame dans le ventre. Tu es aussi minable que ce vampire qui l'a brisée. Tu as l'impression de prendre toute ton espérance et toute ta joie, les siennes aussi, et de les écraser dans ta main. Pendant un moment, la colère est tangible – tu commences à avoir chaud, mais tu te maîtrises. Tu es à deux doigts de perdre le contrôle quand elle se met sur la défensive à propos des vampires. Comment peut-elle penser qu'ils sont si bons, en particulier maintenant, après tout ce qu'ils lui ont fait ? Comme si être un vampire n'était pas déjà assez.
     â€¨     Et puis elle rejette la faute sur elle – elle pense qu'elle a fait quelque chose de mal, et que c'est pour ça que tu es comme ça. Elle te supplie presque de la pardonner. Tu te détestes terriblement de lui faire ça. Tu t'enfuis, mutant aussitôt que tu es hors de vue afin de ne pas pleurer comme tu l'as fait la dernière fois.
         C'est une longue après-midi. Tu en as ras-le-bol qu'Embry essaie de te réconforter, ras-le-bol que Sam approuve sans arrêt ce que tu as fait. Tu te demandes si tu n'as pas blessé Bella aujourd'hui de la même façon qu'il avait blessé Emily. Tu retournes à ta forme humaine pour t'éloigner d'eux, et tu rumines toute la nuit. Tu quittes la maison pour t'éloigner de Billy, qui est aussi énervant que les autres.
         Tu réalises cependant que bien que Sam t'ait interdit d'expliquer la vérité à Bella, il ne t'a pas pour autant interdit de la voir. Tu sais que ça va être difficile, mais tu ne peux pas rester là en la laissant penser que tu ne veux plus être son ami. Tu dois t'excuser, trouver une solution.
     â€¨     Tu prends ta moto et la caches dans une autre rue. Tu rentres furtivement dans sa chambre, et tu es surpris par sa colère. En plus, elle est dans un état épouvantable – presque aussi épouvantable que le jour où elle a débarqué chez toi. Ses yeux sont rouges et ses joues sont humides. Tu te détestes encore plus, en voyant ça. Tu essayes de lui expliquer, mais les ordres de Sam te retiennent.
     â€¨     Tu essaies au moins de lui faire clairement comprendre à quel point elle est importante à tes yeux et que ce n'est pas toi qui as voulu cette séparation. Alors que tu lui parles, tu penses d'abord que tu as eu tort de venir. Tu n'arranges rien. Ça ne peut pas s'arranger, du moment qu'elle ne comprend pas. Si seulement elle avait pu croire à toutes les histoires que tu lui as racontées le premier jour...
     â€¨     Tu réalises alors qu'elle sait déjà ce que tu veux qu'elle sache. Tu essaies de la faire se rappeler, mais elle est à moitié endormie, complètement dans les vapes. Tu as un peu plus d'espoir, mais tu es aussi plus tendu. Va-t-elle s'en souvenir ? Va-t-elle trouver ? Si oui, que va-t-elle penser ? Va-t-elle être effrayée et dégoûtée ? La perspective qu'elle puisse réagir comme ça te rend triste. Elle est capable d'accepter un vampire... Ça te débecte.
     â€¨     Tu sais qu'aussitôt que tu auras muté, Sam et les autres seront au courant de cette escapade. Tu espères que tu pourras le cacher jusqu'à ce que Bella comprenne. Tu rentres en moto chez toi, et tu te promets que tu vas rester calme, quoi qu'il arrive.
     â€¨     Quand tu te réveilles le matin, Billy te signale que Bella est passée, et qu'elle t'attend sur la plage. Tu es surexcité et stressé. Peut-être qu'elle a déjà compris. Elle n'a pas simplement appelé. A-t-elle déjà accepté ce que tu es ?
     Donc tu te rends sur la plage et tu vois son visage. Elle est effrayée et chamboulée. Tu peux voir dans son expression qu'elle n'accepte pas ta nouvelle vie. Ça te met hors de toi. Tu dois focaliser ton énergie pour rester humain. Tu l'accuses de son hypocrisie, et puis tu ressens un soulagement accablant lorsque les malentendus sont éclaircis. C'est toujours énervant de voir à quel point elle est protectrice envers ses vampires, mais au moins elle accepte aussi ta situation. Encore une fois, tu es plein d'espoir. Peut-être que vous pourrez vous voir encore malgré tout ce bazar.
     â€¨     C'est un immense soulagement de pouvoir parler ouvertement avec elle. Tu es surpris d'apprendre qu'elle en sait plus à propos des vampires qui rôdent autour de Forks que la meute, et horrifié de savoir que la femelle aux cheveux orange lui en a toujours voulu. Tu as hâte d'en parler aux autres ; tu veux mettre un plan en place pour protéger Bella. Tu te sens furieux, sachant que quelqu'un veut la blesser. Pour la première fois, tu es content d'être un loup-garou. C'est horrible, mais, en même temps, tu peux protéger Bella. Finalement, c'est quand même utile.
     Tu réunis la meute. Alors que tu es confiant, maintenant que tu peux te contrôler en présence de Bella, tu as oublié d'en faire un compte rendu aux autres. Paul réagit plus violemment que tu ne t'y étais attendu. Tu es obligé de muter devant Bella pour la protéger, mais tu ne peux pas voir sa réaction. Tu dois éloigner Paul d'elle. Heureusement pour toi, tu es plus imposant et fort de jour en jour. Ce n'est pas difficile de pousser Paul dans les bois. Sam te rejoint rapidement, et ordonne à Paul de se calmer. Tu leur parles de la vampire aux cheveux orange et de Bella – ça ne prend pas longtemps, en communiquant par les pensées comme vous le faites. Bien que Sam doive reconnaître l'importance et la nécessité de ces informations, il t'enguirlande un moment. Il met le doigt sur la façon dont tu as mis Bella en danger ce jour-ci, et ensuite, il passe un savon à Paul pour être ce danger. Finalement, il te rappelle qu'il comprend, et vous vous réconciliez tous les trois. Tu réalises que vous vous entendez mieux qu'avant. Tu trouves plus agréable de faire partie de la situation, maintenant que tu peux aider Bella.

         C'est étrange comme les choses redeviennent normales, bien qu'en même temps tout soit différent et dangereux. Bella est la seule chose qui te permet d'équilibrer la situation. Tu passes quelques heures à dormir la nuit, mais la plupart du temps tu parcours les bois avec Sam ou Embry, à la recherche d'un indice montrant le retour de la buveuse de sang aux cheveux orange. Quand ce n'est pas ton tour, tu passes autant de temps que possible avec Bella. Votre amitié a atteint un nouveau niveau d'intimité. Vous connaissez tous les secrets de l'autre, et ça fait une plus grande différence que tu ne l'avais imaginé. Tu es stupéfait de voir à quel point elle avait été incapable de partager, à quel point elle est seule depuis qu'elle a eu le cœur brisé. Ça te perturbe encore de voir qu'elle pleure toujours les Cullen. Tu n'arrives pas à voir la différence entre eux et les vampires qui lui tournent autour, mais elle, elle y arrive. C'est évident qu'elle est terrifiée par ce vampire. Tu essaies de la rassurer. Et tu es content qu'elle n'ait plus à rester seule maintenant.
         Tu t'inquiètes pour Bella quand elle est seule lorsque tu patrouilles. Tu n’es pas heureux quand tes projets pour l'aider à s'amuser, à se détacher de l'anxiété constante, sont interrompus par Victoria. Elle fait une tentative peu enthousiaste pour traverser votre territoire. Ça te semble suspect, et lorsqu'elle prend la fuite par la mer, tu t'inquiètes de savoir si elle a un nouveau plan. Toi, Jared et Embry courez le long de la côte, cherchant un signe montrant qu'elle a essayé de revenir un peu plus loin. Vous retournez à La Push sans rencontrer son odeur. Embry continue de chercher avec Jared, mais tu veux prendre des nouvelles de Bella. Juste pour être sûr que la rousse ne vous a pas échappé.

         Bella n'est pas sur la plage, pas plus que la buveuse de sang ; il n'y a personne. Tu restes au milieu des arbres, mais la tempête est si forte que personne ne peut te voir. Sa camionnette n'est plus devant chez toi. Tu penses d'abord qu'elle est rentrée chez elle, mais des marques fraîches se dirigent dans l'autre direction. Ce n'est qu'au moment où tu trouves la camionnette abandonnée au bord de la route près des falaises que tu te rappelles la promesse que tu lui as faite quelques jours auparavant. Sauter des falaises. Au même moment, tu entends au loin le cri de Bella, diminuer au fur et à mesure qu'elle tombe.
     â€¨     Tu te précipites jusqu'au bord en quelques secondes. Tu n'arrives pas à distinguer quoi que ce soit au-dessous – les vagues sont violentes, il n'y a aucune trace d'impact récent. Tu t'élances au-delà du bord, et tu plonges tête la première dans les eaux sombres.

         Il y a beaucoup de courant. Tu sais quelle force tu déploies pour réussir à nager malgré lui, et tu sais que Bella n'est pas aussi forte. Aucun humain n'est assez fort pour lutter contre ce courant.
     â€¨     Tu cherches frénétiquement, tes yeux perçants ratissent l'eau. Finalement, tu vois quelque chose d'un blanc éclatant – ses mains qui luttent inutilement contre les vagues. Tu es submergé, essoufflé, et complètement paniqué. Personne d'autre n'aurait été capable de le faire dans les mêmes circonstances, même pas Sam, mais tu te concentres et te forces à retrouver ta forme humaine. Alors tu t'accroches à Bella et la remonte à la surface.
     â€¨     Tu souhaites avoir pris des cours de secourisme. Tout ce à quoi tu penses est de lui enlever l'eau des poumons. Il y en a tellement. Elle reprend conscience, puis s'évanouit. Tu ne sais pas quoi faire. Tu la ramènes sur la plage, espérant que de l'aide arrive. Les pensées de Jared et d'Embry étaient avec toi pendant que tu plongeais, mais maintenant tu es coupé d'eux.
     â€¨     Sam arrive, mais Bella se réveille avant qu'il ait pu t'annoncer la nouvelle de la tragédie qui a eu lieu au village. Tu es désolé de l'avoir fait quitter l'endroit où on avait besoin de lui. Bella semble aller bien. Tu ne sais pas si elle a besoin d'un docteur, mais elle veut seulement se reposer, alors tu la ramènes chez toi. Tu es exténué par toutes ces nuits à courir, et tu tombes de sommeil à ses côtés. Tu te sens bien là, tous les deux sans secrets, en sachant qu'elle est en sécurité.
         Billy te réveille quand il rentre à la maison. Il est chamboulé de réaliser que Harry est parti. C'était un des meilleurs amis de Billy, un oncle pour toi en quelque sorte, et aussi un des trois seuls anciens au courant pour les loups. Ça semble injuste qu'il soit mort.

         Tu ramènes Bella chez elle, sachant que Charlie sera affligé lui aussi. De plus, tu remarques qu'il y a quelque chose de différent avec elle, mais tu n'arrives pas à mettre le doigt dessus. Perdre Harry te fait prendre conscience que tu as bien failli la perdre aussi – c'était si juste. Cette pensée te terrifie. En même temps, tu es heureux d'avoir pu la sauver. Elle est vivante parce que tu es un loup-garou. Tu te réconcilies avec ton destin.

         Comme vous allez bientôt arriver, tu la prends dans tes bras, soulagé de pouvoir le faire. Pour la première fois depuis la première nuit où tu as muté – la nuit du film d'horreur – tu penses que ça peut marcher. C'est tellement agréable de la porter comme ça. Est-ce qu'elle ressent la même chose ? Peut-être que ce n'est pas aussi fort que ce qu'elle ressentait pour le vampire, mais ça doit bien vouloir dire quelque chose qu'aucun de vous ne soit entier sans l'autre. C'est comme si tu étais destiné à être avec elle.

         Elle commence à se débattre. Elle n'est pas encore prête pour le moment, mais tu penses qu'elle le sera un jour. Il faut juste être patient. Tu ouvres la portière de la voiture, et cette prise de conscience réconfortante est gâchée.
     â€¨     Il y a un vampire à proximité. Tu penses d'abord à la femelle aux cheveux orange, et tu crois deviner qu'elle s'est servie de la distraction causée par la mort d'Harry pour s'infiltrer à l'intérieur. Tu ne sais pas exactement où elle est ou si elle vous regarde. Tu as peur de te changer pour la chasser, au cas où elle se servirait du moment où tu muteras pour attaquer. Tu décides que le meilleur plan est de ramener Bella à La Push, de laisser Embry avec elle, et d'aller la traquer avec Sam.
     â€¨     Cependant, quelque chose ne va pas. L'odeur n'est pas la bonne. Un vampire, c'est sûr, mais pas la même que celle dont l'odeur te brûle le nez depuis une semaine.
         Avant que tu n'aies pu donner un sens à cela, Bella te demande de t'arrêter. Son visage est nettement plus éclairé et coloré que d'habitude, depuis qu'elle est venue te chercher, totalement détruite. Elle pense que les Cullen sont revenus, et la voiture rutilante près de la maison confirme sa théorie. Son enthousiasme t'écœure. Tout ce qu'elle veut c'est aller retrouver son vampire, comme si elle n'avait pas été touchée par ce qu'il lui avait fait. Tu es furieux. Tu as du mal à te calmer.
     â€¨     Il est clair que tu vas devoir utiliser la force si tu veux l'empêcher de rentrer. Elle a l'air certaine que ce sont ses vampires. Elle est déjà partie – mentalement, elle est à des kilomètres de toi. Et tu as des responsabilités. La meute a totalement ignoré les limites du traité depuis que les Cullen sont partis. Tu ne peux pas laisser tes frères avoir des problèmes en ignorant que les Cullen sont de retour.
         Tu détestes avoir à la laisser partir ici, tu es tellement en colère que ce soit ce qu'elle veuille. Le futur qui semblait si prometteur quelques secondes auparavant est réduit à néant. S'en fiche-t-elle qu'ils l'aient quittée ? Ça ne compte donc pas ? Pas une fois elle n'avait exprimé de colère envers ce qu'ils lui avaient fait. Tu supposes qu'elle n'a même jamais été en colère contre eux. Elle accepte ce qu'ils ont fait sans poser de questions.
         Il faut que tu t'en ailles, parce que tu ne vas pas être capable de te contrôler plus longtemps. Tu peux sentir la fureur monter. Tu la laisses toute seule dans la rue, souhaitant plus que tout qu'elle t'appelle, qu'elle change d'avis. Elle ne le fait pas.

         Tu cours à l'hôpital, et finalement reviens sur tes pas. La colère a légèrement baissé, et tu es à nouveau malade pour sa sécurité. Tu appelles, et elle répond. C'est donc vrai. Les Cullen sont de retour, et elle t'a préféré les vampires.
     â€¨     C'est une mauvaise nuit pour les loups Quileute. Sam a remis les limites en place, si bien que vous ne pouvez plus protéger que la réserve. Sam ne veut laisser aucune brèche – il peut y avoir une demi-douzaine de vampires de l'autre côté, et leurs intentions ne sont pas claires. Tu t'inquiètes pour Bella et la rouquine, mais Sam te dit de laisser les Cullen s'occuper d'eux. Tu détestes l'idée que Bella leur appartienne.
         Les jours passent. Personne n'a essayé de franchir la frontière. Billy appelle Charlie, et il s'avère qu'un seul des Cullen est revenu, et elle va rester avec eux. Ça te rend fou. Sam est inquiet – quelle est la nouvelle politique ? Les frontières sont-elles maintenues ? Pour combien de temps ? Le reste d'entre eux va-t-il revenir ? Sont-ils au courant pour la femelle aux cheveux orange ? Considèrent-ils qu'elle soit sous la protection du traité ? Si c'est le cas, le traité est violé. Et s'ils ne s'occupent pas d'elle, la meute se verra obligée de les considérer comme ses complices. Sam, Billy et le vieux Quil discutent des possibilités d’une guerre…
     â€¨     Mais Sam veut d'abord avoir des informations – il essaye de rester pacifiste autant que possible – et tu te portes volontaire. Tu insistes pour y aller en personne. Tu as besoin de voir son visage, de voir à quel point elle est impliquée là-dedans. Tu dis à Sam que tu pourras mieux connaître la vérité si tu y vas toi-même, que tu seras capable de voir si elle ment ou pas. Tu ne le trompes pas sur tes motivations, mais il te laisse y aller quand même. 
     Tu y vas pendant l'enterrement, afin de pouvoir lui parler honnêtement, sans que Charlie ne vous interrompe. Jared et Embry ne veulent pas te laisser y aller tout seul, même si tu es certain que la vampire est partie pour le moment. Tu sais qu'ils vont rester à proximité, mais tu ne veux pas qu'ils entendent. Tu veux pouvoir parler vraiment à Bella, mais ça dépend de capacité à rester calme. Sa maison sent mauvais – ça te brûle le nez. Elle est imprégnée de l'odeur de la vampire. Vous êtes tous les deux quelque peu hostiles, mais elle répond à tes questions. La Cullen est juste de visite. Tu te dis que les choses vont redevenir normales une fois qu'elle sera repartie.
     â€¨     Tu n'arrives pas à partir. Tu peux voir que tu l’as blessée, et tu reviens pour la trouver en pleurs. Tu te sens à la fois pire, et mieux. Mieux parce qu'au moins elle ne s'en fiche pas de toi. Elle pleure pour toi. C'est quelque chose.
     Tu es capable de parler maintenant, mais c'est difficile. Elle les aime. Les monstres qui l'ont blessée – elle les aime. Elle s'intéresse à toi aussi, mais pas autant. Cependant, la vampire est repartie… Tu es confus, pas certain de savoir comment te sentir.

         Tu la prends dans tes bras, et c'est comme avant, comme ça doit être. Tu prends son visage dans tes mains, et soudain, tu as envie de l'embrasser plus que tout au monde. Ce n'est pas comme tu l'avais prévu, avec la vampire dans les parages. Mais tu penses que c'est peut-être comme ça que ça doit se passer. Peut-être qu'elle va le sentir. Tu vois le conflit dans ses yeux, et tu te demandes quelle part d'elle va gagner quand tes lèvres toucheront les siennes.
     â€¨     La sonnerie du téléphone retentit à ce moment si inopportun, et tu réponds. Quel autre choix as-tu ? Ça peut être Sam, il peut y avoir des ennuis là-bas. Tu entends le ton clair de la voix, avec ce léger accent anglais, et tu sais qui c'est au premier mot. Encore l'un d'entre eux. Peut-être que Bella avait tort à propos du retour des autres. Peut-être qu'elle mentait.
     â€¨     Bella est à nouveau en colère lorsque le vampire te raccroche au nez. Avant de pouvoir éclaircir les choses, tu sens la brûlure causée par l'approche d'un vampire. Tu entends le bruit sourd de son arrivée presque silencieuse. Tu essayes de t'en aller, mais l'odeur est plus forte dans le hall. Avant que tu aies pu sortir, la buveuse de sang est là.
     Ce n'est pas grand-chose, mais après ce que Bella t'a dit à sur les vampires avec des dons, tu n'es pas près de relâcher ta garde. Elle te prête à peine attention, cependant. Elle semble à peine consciente de ce qui l'entoure, distraite par quelque chose. Bella l'appelle Alice. Alice prononce le prénom d'Edward une fois, et Bella s'écroule. La vampire l'a-t-elle blessée ? Tu ne vois rien. Mais tu t'empresses d'attraper Bella avant que la vampire ne la touche, et tu l'éloignes.

         La petite vampire semble très inquiète, et ça te surprend. Tu n'avais pas réalisé qu'ils pouvaient aussi avoir des sentiments et des émotions. Tu es révolté et stupéfait de voir combien Bella et Alice sont à l'aise quand elles se touchent. Tu aurais pu penser que les vampires ne pouvaient pas toucher les humains comme ça sans les blesser. Et Bella est tellement à l'aise avec Alice, capable d'interagir avec elle comme si Alice était humaine. Bella semble la voir comme ça, comme une personne, presque.
         La conversation est dure à suivre. Tu crois comprendre qu'Edward Cullen a des problèmes et c'est la faute de quelqu'un du nom de Rosalie. Bella gémit et exige d'aider, et la petite vampire va la laisser faire, bien qu'il soit clair que c'est une mission-suicide.

         Tu suis Bella dans la cuisine, où elle écrit un petit mot à Charlie. Tu lui demandes de ne pas y aller. C'est comme si tu n'avais rien dit du tout. Elle te demande de prendre soin de son père.
     â€¨     Bella court prendre des affaires, et tu te retrouves seul avec Alice. Tu te mets le plus loin possible d'elle – l'instinct qui te pousse à muter et à attaquer est dur à contrôler – et tu l'accuses de conduire Bella à sa mort. En fait, c'est plus facile de lui parler que tu l'aurais pensé, elle réagit et parle comme un humain ; bien que son apparence se rapproche affreusement de celle d'un monstre. Pour tes yeux perçants, elle est comme un cristal mobile, anguleux et brillant. 
     Alice s'énerve juste un moment, mais Bella revient et elles partent. La reverras-tu un jour ? Tu la supplies littéralement de ne pas y aller, mais Bella s'en va après t'avoir embrassé la main. Tu ne tiens pas plus d'une seconde en réalisant qu'elle fonce vers la mort pour cette sangsue qui a ruiné sa vie. Pour la première fois depuis le début, tu perds le contrôle et tu mutes contre ton gré.
         La vie est plus sombre qu'elle ne l'a jamais été auparavant. Les autres sont soulagés qu'Alice soit partie, qu'elle ait emmené Bella avec elle ou pas. Ils essayent de garder leurs sentiments pour eux, mais bien sûr, il n'y a aucun secret dans une meute de loups. Sam te fait patrouiller encore plus, et tu prends un soin tout particulier à veiller sur Charlie, comme Bella te l'a demandé.
     â€¨     C'est comme ça que tu découvres que la rousse traque encore Bella. La meute l'encercle, rétrécissant lentement le périmètre, la laissant se rapprocher de Forks tout en plaçant un mur entre elle et Charlie… Cependant, elle fait demi-tour et détale. Tu la poursuis, mais elle est rusée et plus rapide que son copain aux cheveux noirs. Sa fuite inattendue te prend par surprise, tu n'avais pas donné signe de ta proximité. Faisant quelques recherches sur les lieux après, Sam réussit à voir ce qui s'est passé. Sa trajectoire avait rencontré la trace récente qu'avait laissée Alice Cullen. Ça semble avoir été suffisant pour qu'elle panique. Au moins, il est clair que ce n'est pas une amie des Cullen.
     â€¨     Charlie est paniqué, naturellement. Il débarque à La Push pour t'interroger, pour voir si tu sais quoi que ce soit qui pourrait l'aider à retrouver Bella. Tu aimerais pouvoir tout lui dire à propos des Cullen, mais tu ne peux pas trahir ton propre secret, et quel bien cela lui ferait-il ? Aucun d'entre vous ne peut plus sauver Bella.

         Certaines rumeurs provenant de Forks disent que Bella est revenue vivante. Charlie n'appelle pas Billy pour autant – il est trop furieux apparemment – alors tu l'apprends par Leah Clearwater. Charlie a appelé pour annuler la visite à sa mère : il ne voulait pas laisser Bella toute seule, parce qu'elle a de gros ennuis. Tu es si soulagé qu'elle aille bien, tu ne te soucies de rien d'autre au début. Mais il ne faut pas longtemps avant que les autres ne débarquent. Le Dr. Cullen retourne à l'hôpital – la famille entière est revenue à Forks. Sam remet les patrouilles en place, mais pas aussi loin qu'avant. Les vampires n'étaient pas au courant de la présence des loups-garous avant, mais à présent ils le sont. S'ils sont revenus pour de bon, alors la meute doit renforcer les frontières. Pour être sûrs qu'ils ne se méprennent pas sur ce qui appartient aux Quileutes.
         Billy a des nouvelles de tout ça, grâce à Charlie. Edward est revenu, apparemment à nouveau possesseur du titre de petit ami de Bella, sans aucune répercussion pour son abandon. Bella ne vient pas te voir, et tu es en colère, même si tu ne t'attendais pas à ce qu'elle le fasse. Tu es aussi en colère que Charlie laisse Bella sortir avec Edward. Ne pourrait-il pas, en tant que père, faire quelque chose à ce propos ?
         Tu échafaudes un plan, sans te préoccuper de tous les détails. Si tu arrives à la faire priver de sortie, elle ne pourra plus le voir… Peut-être que si elle est loin de lui, elle sera capable de se dégager de son emprise sur elle, se rappeler ce qu'il est et ce qu'il a fait.
     â€¨      De plus, tu as un nouveau souci maintenant. Depuis qu'Alice est revenue, ta plus grande frayeur est que l'un des vampires perde le contrôle en présence de Bella et la tue, trop assoiffé. Ça te vient à l'esprit maintenant qu'il y a peut-être quelque chose de pire. Peut-être qu'ils ont des intentions pire que de vouloir se désaltérer. Tu ne veux même pas y penser, mais tu n'arrives pas à t'enlever ça de la tête.
     â€¨     Peut-être qu’ils vont essayer de la faire devenir l'une des leurs.
     â€¨     C'est la plus horrible chose que tu puisses imaginer. Pire que de la tuer ; la voler à elle-même et la faire devenir une créature de pierre inhumaine, une parodie de ce qu'elle était avant. Ça serait comme de laisser un étranger entrer dans son corps, seule une version détournée et froide de ce corps.
     â€¨     Tu sais que la seule chose qui pourrait mettre Charlie en colère plus que tout (à part la vérité, que tu ne peux pas lui dire) est la moto de Bella. Tu la conduis jusqu'à sa maison et dis à Charlie que tu la ramènes, puisque Bella ne vient plus à La Push. Charlie vire au rouge et te crie dessus pendant un quart d'heure, te promettant d'appeler Billy pour lui raconter ce que tu as fait. Quand il te laisse partir, tu préfères te retirer dans les bois plutôt que de rentrer, sachant que le buveur de sang saura que tu es là, à cause de ton odeur. Tu as un avertissement à lui délivrer. 
     Comme prévu, Edward Cullen vient avec Bella pour te voir avant qu'elle n'affronte Charlie. C'est très dur de te contrôler, mais tu ne vas pas te battre ici, devant Bella. Elle pourrait être blessée, et cette fois-ci ce n'est pas toi qui vas violer le traité. Que les Cullen aient le mauvais rôle, pour une fois.
     â€¨     Bella est furieuse. Tu étais préparé à ça, mais c'est dur de la blesser comme ça.

         Le vampire te prend par surprise, en te remerciant pour tout ce que tu as fait pour Bella. Tu refuses de croire qu'il est véritablement sincère. C'est juste par politesse. Tu découvres que ses capacités à lire dans les pensées sont pires que ce que tu croyais. Il voit tout ce que tu penses.
     â€¨     Bien qu'il sache l'avertissement que tu étais venu lui donner, tu réponds à la question de Bella à propos du traité. Non seulement ils ne sont pas autorisés à se nourrir des humains s'ils veulent préserver la paix avec les loups-garous, mais ils ne sont pas non plus autorisés à créer de nouveaux vampires.
     â€¨     La réaction de Bella t'en apprend tellement plus que ce que tu voulais savoir. Jusqu'ici, tu pensais seulement que les Cullen voulaient la transformer. Tu ne t'étais pas attendu à ce qu'elle ait connaissance de ce projet. Maintenant tu apprends qu'elle l'a planifié elle-même ; c'est ce qu'elle veut.
         Tu dois lutter plus que jamais pour rester calme et ne pas muter. Le reste de la conversation ne veut plus rien dire. Bella veut être un vampire. Elle ne réalise pas que ce changement est une forme de mort ; pire que toutes les autres.
         S'il la transforme, la guerre sera ouverte. Tu rentres pour l'annoncer à tes frères. Vous devez vous préparer…


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          La voiture était une limousine brillante, noire et puissante, aux vitres fumées. Le moteur ronronnait comme un gros chat alors que nous roulions à toute vitesse dans la nuit profonde. Jasper conduisait d'une main, d'un air négligent, mais la voiture musclée avançait avec une parfaite précision.
          Alice était assise avec moi sur le siège arrière en cuir noir. Je ne savais comment, au cours de la longue nuit, ma tête avait fini contre son cou de granit, et ses bras froids m'entouraient à présent, sa joue appuyée contre le haut de ma tête.  Le devant de son fin T-shirt en coton était froid, trempé par mes larmes. De temps en temps, si ma respiration devenait irrégulière, elle murmurait doucement ; avec sa voix rapide, aiguë, les encouragements étaient semblables à un chant. Pour rester calme, je me concentrai sur le toucher de sa peau froide ; c'était comme une connexion physique avec Edward.

          Tous les deux m'assurèrent – quand je réalisai, frappée de panique, que toutes mes affaires étaient encore dans la camionnette – que laisser tout ça derrière était nécessaire, ça avait quelque chose à voir avec l'odeur. Ils me dirent de ne pas m'inquiéter à propos des vêtements et de l'argent. J'essayai de leur faire confiance, faisant un effort pour ignorer à quel point j'étais mal à l'aise dans les vêtements de Rosalie. C'était une pensée triviale.
          Sur les routes lisses, Jasper ne laissait pas la voiture passer au-dessous de cent quatre-vingt dix kilomètres à l'heure. Il semblait complètement ignorant des limites de vitesse, mais nous ne croisâmes aucune voiture de patrouille. Les seules pauses dans la monotonie de la conduite furent deux arrêts pour l'essence. Je remarquai que Jasper allait à l'intérieur pour payer en liquide les deux fois.
          L'aurore commença à apparaître alors que nous étions quelque part dans le nord de la Californie. Je regardai la lueur grise à travers le ciel sans nuages avec des yeux secs. J'étais épuisée, mais le sommeil m'avait échappé, mon esprit trop plein d'images dérangeantes pour me détendre dans l'inconscience. L'expression brisée de Charlie, le grognement brutal d'Edward, les dents à découvert, le regard ardent du traqueur, l'expression morne de Laurent, le regard éteint d'Edward après qu'il m'ait embrassée la dernière fois ; elles défilaient devant mes yeux comme des flashs, mes sentiments alternant entre la terreur et le désespoir.
          À Sacramento, Alice voulut que Jasper s'arrête, pour me prendre de la nourriture. Mais je secouai la tête, fatiguée, et lui dit de continuer de conduire d'une voix creuse.
          Quelques heures plus tard, dans une banlieue en dehors de L.A., Alice lui parla doucement à nouveau, et il sortit de la route au son de mes faibles protestations. Un grand centre commercial était visible depuis la route, il se dirigea par là, entrant dans le parking, au sous-sol, pour se garer.
          - Reste avec la voiture, dit-elle à Jasper.

          - Tu es sûre ? demanda-t-il avec appréhension.
          - Je ne vois personne ici, dit-elle.
          Il acquiesça, consentant.
          Alice me prit la main et me fit sortir de la voiture. Elle laissa ma main dans la mienne, me gardant près d'elle alors que nous sortions du parking sombre. Elle contourna le bord du parking, restant dans l'ombre. Je remarquai la manière dont sa peau semblait briller dans les rayons du soleil qui se reflétaient sur le trottoir. Le centre commercial était bondé, beaucoup de groupes passaient à côté de nous, quelques-uns tournant la tête pour nous regarder passer.

          Nous marchâmes sous un pont qui reliait le plus haut niveau du parking au second étage d'un magasin, restant toujours en retrait des rayons directs du soleil. Une fois à l'intérieur, Alice semblait moins remarquable, simplement une fille pâle comme de la craie, les yeux cernés mais alertes, et les cheveux noirs coiffés en piques. Les marques sous mes yeux, j'en étais sûre, étaient plus évidentes que les siennes. Nous attirions toujours l'attention de quiconque tournait les yeux vers nous. Je me demandai ce qu'ils pensaient voir. La délicate, dansante Alice, avec son visage d'ange, habillée de vêtements fins, pâles, qui ne minimisaient pas assez sa pâleur, me tenant la main, menant clairement, alors que je traînais des pieds dans des vêtements qui ne m'allaient pas du tout mais chers, mes cheveux ternes emmêlés retombant dans mon dos.
         Alice m'entraîna infailliblement vers la nourriture.
          - Qu'est-ce que tu veux manger ?
     â€¨      L'odeur des fast-foods gras me retourna l'estomac. Mais les yeux d'Alice n'étaient pas ouverts à la persuasion. Je demandai sans enthousiasme un sandwich à la dinde.
          - Je peux aller aux toilettes ? demandai-je alors que nous allions vers la queue.
          - Ok.
          Et elle changea de direction, sans lâcher ma main.
          - Je peux y aller seule.
          L'atmosphère du centre commercial me faisait me sentir le plus normal possible depuis notre jeu désastreux de la nuit dernière.
          - Désolée, Bella, mais Edward lira mon esprit quand il sera là, et s'il voit que je t'ai perdue de vue ne serait-ce qu'une minute...
          Elle s'arrêta, ne voulant pas envisager les conséquences.

          Au moins, elle attendit à l'extérieur des toilettes bondées. Je me lavai le visage ainsi que les mains, ignorant les regards choqués des femmes autour de moi. J'essayai de peigner mes cheveux avec mes doigts, mais abandonnai rapidement. Alice me prit la main de nouveau à la porte, et nous retournâmes lentement vers la queue pour la nourriture. Je traînais les pieds, mais elle n'avait pas l'air impatiente.

          Elle me regarda manger, lentement au départ, puis plus vite alors que mon appétit revenait. Je vidai si rapidement le soda qu'elle m'avait apporté qu'elle me quitta pendant un moment – sans me lâcher des yeux cependant – pour en prendre un autre.
          - C'est définitivement plus commode, ce que tu manges,commenta-t-elle alors que je finissais. Mais ça ne semble pas très drôle.
          - Chasser est plus excitant, j'imagine.

          - Tu n'as pas idée.

          Elle sourit de toutes ses dents brillantes, et plusieurs têtes se tournèrent vers nous.
          Après s'être débarrassée des déchets, elle m'entraîna vers les larges couloirs du centre commercial, son regard s'éclairant de temps à autres sur quelque chose qu'elle voulait, m'entraînant avec elle à chaque arrêt. Elle s'arrêta un moment dans une boutique très chère pour acheter trois paires de lunettes de soleil, deux pour femme et une pour homme. Je remarquai que l'employé la regarda différemment quand elle lui tendit une carte de crédit peu familière avec des lignes dorées dessus. Elle trouva une boutique d'accessoires où elle prit une brosse et des élastiques.

         Mais elle n'en avait pas réellement fini jusqu'à ce qu'elle m'entraîne dans un genre de boutique que je ne fréquentais jamais, parce que le prix d'une paire de chaussettes n'aurait pas été dans mes moyens.
          - Tu dois faire une taille deux, environ.
          C'était une constatation, pas une question.

          Elle m'utilisa comme mule pour porter les paquets, me chargeant d'un incroyable amas de vêtements. De temps en temps, je la voyais prendre une petite taille alors qu'elle choisissait quelque chose pour elle. Les vêtements qu'elle prenait pour elle étaient en matériau léger, mais à manches longues ou descendant jusqu'aux pieds, étudiés pour couvrir le plus de peau possible. Un large chapeau en paille noir couronnait la pile de vêtements.
          La vendeuse eut la même réaction vis-à-vis de la carte peu familière, devenant plus serviable, et appelant Alice "mademoiselle". Le nom qu'elle disait n'était pas familier pourtant. Une fois que nous fûmes en dehors du centre commercial à nouveau, nos bras chargés de sacs dont elle portait la majorité, je lui posai la question.
          - Comment elle t'a appelée ?

          - La carte de crédit indique Rachel Lee. On va faire très attention de ne laisser aucune trace pour le traqueur. Allons te changer.

          J'y réfléchis alors qu'elle m'emmenait à nouveau vers les toilettes, me poussant dans la cabine pour handicapé, pour que j’aie de l'espace pour bouger. Je l'entendis fouiller dans les sacs, me tendant finalement une robe bleu clair en coton par-dessus la porte. J'enlevai avec gratitude le jean trop long et trop serré de Rosalie, ôtai le chemisier qui m'était trop large aux mauvais endroits, et les fit passer par-dessus la porte. Elle me surprit en poussant une paire de sandales légères en cuir sous la porte – où les avait-elle eues ? La robe m'allait étonnamment bien, laissant deviner une coupe hors de prix à la façon dont elle me moulait.

          Alors que je quittais la cabine, je remarquai qu'elle mettait les vêtements de Rosalie dans la poubelle.
          - Garde tes baskets, dit-elle.
          Je les mis sur le dessus d'un des sacs.

          Nous retournâmes vers le parking. Alice eut moins de regards cette fois, elle était tellement couverte de sacs que sa peau était à peine visible.
          Jasper attendait. Il se glissa hors de la voiture en nous voyant – le coffre était ouvert. Alors qu'il prenait mes sacs en premier, il lança un regard sardonique à Alice.
         - Je savais que j'aurais dû venir, marmonna-t-il.
          - Oui, acquiesça-t-elle, elles t'auraient adoré, dans les toilettes des femmes.
          Il ne répondit rien.
          Alice fouilla rapidement dans ses sacs avant de les mettre dans le coffre. Elle tendit à Jasper une paire de lunettes de soleil, en mettant elle-même une. Elle me tendit la troisième paire ainsi que la brosse à cheveux. Puis elle sortit un chemisier à manches longues, d'un tissu fin, d'un noir transparent, l'enfilant par-dessus son T-shirt mais le laissant ouvert. Pour finir, elle ajouta le chapeau de paille. Sur elle, ce costume rudimentaire semblait appartenir à un défilé de mode. Elle attrapa une poignée de vêtements et, les roulant en boule, elle ouvrit la porte arrière et fit un oreiller sur le siège.
          - Tu as besoin de dormir, maintenant, ordonna-t-elle fermement.
          Je me laissai tomber avec obéissance sur le siège, laissant ma tête reposer, me blottissant sur le côté. J'étais à moitié endormie quand la voiture se mit en route.
          - Tu n'aurais pas dû me prendre tout ça, marmonnai-je.

          - Ne t'inquiète pas pour ça, Bella. Dors.
          Sa voix était reposante.
          - Merci, soupirai-je avant de sombrer dans un sommeil inconfortable.
          Ce fut la douleur d'avoir dormi dans une position si serrée qui me réveilla. J'étais toujours éreintée, mais devins soudain très nerveuse en me rappelant où j'étais. Je m'assis pour voir la Vallée du Soleil s'étendre devant moi ; la large étendue de toits en tuiles, de palmiers, d'autoroutes, de nuages de pollution et de piscines, entourée par de petites et pierreuses dorsales que nous appelions montagnes. J'étais surprise de ne ressentir aucun sentiment de soulagement, seulement un acariâtre mal du pays pour le ciel pluvieux et l'enceinte verte de l'endroit qui pour moi signifiait Edward. Je secouai la tête, essayant de repousser le début de désespoir qui menaçait de m'envahir.
          Jasper et Alice parlaient ; au courant, j'en étais sûre, que j'étais à nouveau consciente, mais ils ne donnèrent aucun signe. Leurs voix rapides et douces, l'une basse, l'autre haut perchée, flottaient musicalement autour de moi. Je déterminai qu'ils discutaient de l'endroit où rester.
          - Bella, me demanda nonchalamment Alice, comme si je faisais déjà partie de la conversation. Quel chemin pour l'aéroport ?
          - Reste sur la I-10,
     dis-je automatiquement. Elle passe juste devant.
          Je réfléchis un moment, mon cerveau toujours embrumé par le sommeil.
          - Est-ce qu'on prend l'avion ? demandai-je.
          - Non, mais il vaut mieux être à côté, au cas où.
          Elle ouvrit son téléphone portable, et apparemment appela les renseignements. Elle parlait plus lentement que d'habitude, demandant des hôtels proches de l'aéroport, acquiesçant à une proposition, puis s'arrêtant pendant qu'elle était connectée.  Elle fit des réservations pour une semaine sous le nom de Christian Bower, débitant le numéro d'une carte de crédit sans en regarder aucun. Je l'entendis répéter les indications pour l'intérêt de l'opérateur ; j'étais sûre qu'elle n'avait besoin d'aucune aide pour sa mémoire.
          La vue du téléphone m'avait rappelé mes responsabilités.
          - Alice, dis-je quand elle eut fini. Je dois appeler mon père.
          Ma voix était sombre. Elle me tendit le téléphone.
          On était en fin d'après-midi ; j'espérais qu'il était au travail. Mais il répondit à la première sonnerie. J'eus un mouvement de recul, imaginant son visage anxieux.
          - Papa ? dis-je, hésitante.
          - Bella ! Où es-tu, ma chérie ?
          Un fort soulagement emplissait sa voix.

          - Je suis sur la route.
          Il n'y avait pas besoin de lui faire savoir que j'avais accompli un voyage de trois jours en une nuit.

          - Bella, tu dois faire demi-tour.

          - Je dois rentrer à la maison.

          - Ma chérie, et si on parlait de ça ? Tu n'as pas besoin de partir juste à cause d'un garçon.
          Il était très prudent, je le devinais.

          - Papa, laisse-moi une semaine. J'ai besoin de réfléchir à tout ça, et après je déciderai si je rentre ou pas. Ça n'a rien à voir avec toi, tu le sais.
          Ma voix tremblait légèrement.
          - Je t'aime, Papa. Quoi que je décide, je te verrai bientôt. Je te le promets.
          -D'accord, Bella.

          Sa voix était résignée.
          - Appelle-moi quand tu arrives à Phoenix.
          - Je t'appellerai de la maison, Papa. Au revoir.

          - Au revoir, Bella.

          Il hésita avant de raccrocher.
          Au moins j'étais à nouveau en bons termes avec Charlie, pensai-je alors que je rendais le téléphone à Alice. Elle me regardait attentivement, attendant peut-être un autre craquage émotionnel. Mais j'étais juste trop fatiguée.

          La ville familière défilait devant ma fenêtre sombre. Le trafic était fluide. Nous traversâmes rapidement le centre ville, puis tournâmes autour de Sky Harbor International, allant vers le sud, à Tempe. Juste de l'autre côté du lit sec de la Salt River, un peu plus d'un kilomètre après l'aéroport, Jasper sortit sur la commande d'Alice. Elle le dirigea facilement à travers les rues jusqu'à l'entrée de l'aéroport Hilton.

          J'avais pensé au Motel 6, mais j'étais sûre qu'ils balaieraient les soucis financiers. Ils avaient l'air d'avoir une réserve sans fin.

         Nous rentrâmes dans le parking devant le Ramada, et deux grooms se dirigèrent rapidement vers l'impressionnante voiture. Jasper et Alice sortirent, ressemblant à des stars de cinéma avec leurs lunettes noires. Je sortis maladroitement, engourdie par les longues heures de voiture. Jasper ouvrit le coffre, et le personnel obséquieux déchargea rapidement les sacs dans un chariot. Ils étaient assez bien entraînés pour n’offrir aucun signe de surprise devant notre manque de réel bagage. L'intérieur sombre de la voiture avait été très froid ; sortir à l'extérieur dans Phoenix un après-midi, même à l'ombre, c'était comme mettre ma tête dans un four prêt à griller. Pour la première fois ce jour-là, je me sentis chez moi.

          Jasper traversa d'un pas assuré le hall vide. Alice restait prudemment à mes côtés, les grooms nous suivant avec nos affaires. Jasper s'approcha du comptoir, inconscient de son allure royale.

          - Bower, fut tout ce qu'il dit à la réceptionniste à l'air professionnel.
          Elle entra rapidement ses informations, et seuls quelques infimes regards vers l'idole aux cheveux blonds devant elle, trahissaient son professionnalisme.

          Nous fûmes rapidement menés à notre grande suite. Je savais que les deux chambres réservées l'étaient simplement pour ne pas enfreindre les règles de la bienséance. Les grooms déchargèrent efficacement nos sacs alors que je m'assis faiblement sur le sofa, et Alice alla visiter les autres chambres d'un pas de danseuse. Jasper leur serra la main alors qu'ils partaient, et le regard qu'ils s'échangèrent en se dirigeant vers la porte était plus que satisfait ; il était jubilant. Puis nous nous retrouvâmes seuls.
          Jasper alla vers les fenêtres et ferma bien les rideaux. Alice apparut et laissa tomber le menu du room service à côté de moi.
          - Commande quelque chose, ordonna-t-elle.
           - Je vais bien, dis-je faiblement.
          Elle me lança un regard noir et récupéra le menu. Marmonnant quelque chose à propos d'Edward, elle prit le téléphone.
          - Vraiment, Alice... commençai-je, mais son regard me fit taire.
          Je reposai ma tête sur l'accoudoir du sofa et fermai les yeux.

          Un coup à la porte me réveilla. Je sursautai si rapidement que je glissai du sofa, tombant sur le sol, et me cognai la tête contre la table basse.

          - Ouille, m'exclamai-je à moitié assommée, en me massant le crâne.
          J'entendis Jasper rire brièvement, et relevai les yeux pour le voir se couvrir la bouche, essayant de refouler le reste de son amusement. Alice alla à la porte, pressant fermement ses lèvres, les coins de sa bouche frémissant.
          Je rougis et remontai sur le sofa, me tenant la tête entre les mains. C'était mon repas ; l'odeur attirante de la viande rouge, du fromage, de l'ail et des pommes de terre flottait autour de moi. Alice porta le plateau aussi facilement que si elle avait été serveuse pendant des années, et le posa sur la table à mes genoux.

          - Tu as besoin de protéines, expliqua-t-elle, soulevant le dôme argenté pour révéler un large steak et une sculpture de pomme de terre décorative. Edward ne sera pas content s'il sent que ton sang est anémique quand il viendra ici.
          J'étais presque sûre qu'elle plaisantait.
          Maintenant que je sentais la nourriture, j'avais faim à nouveau. Je mangeai rapidement, sentant mon énergie revenir alors que les sucres frappaient ma circulation sanguine. Alice et Jasper m'ignoraient, regardant le journal télévisé et parlant si rapidement et faiblement que je ne pouvais comprendre un mot.
          Un second coup retentit à la porte. Je sautai sur mes pieds, évitant de peu un nouvel accident avec le plateau à moitié vide sur la table basse.
          - Bella, tu as besoin de te calmer, dit Jasper, alors qu'Alice répondait à la porte.
          Un membre du personnel lui donna un petit sac avec le logo Hilton dessus et partit silencieusement. Alice le prit et vint me le tendre. Je l'ouvris et trouvai une brosse à dents, du dentifrice, et toutes les autres choses critiques que j'avais laissées à l'arrière de ma camionnette. Les larmes me montèrent aux yeux.
          - Vous êtes si gentils avec moi. 
          Je regardai Alice puis Jasper, bouleversée.

          J'avais remarqué que Jasper était habituellement le plus prudent possible et gardait ses distances avec moi, je fus donc surprise quand il vint à mes côtés et posa sa main sur mon épaule.
     â€¨      - Tu fais partie de la meute, maintenant, plaisanta-t-il, souriant chaleureusement.
          Je sentis soudainement la lassitude se répandre dans mon corps; mes paupières devinrent trop lourdes pour rester ouvertes.

          - Très subtil, Jasper, entendis-je Alice dire d'un ton ironique.
          Ses bras froids et minces se glissèrent sous mes genoux et derrière mon dos. Elle me porta, mais je m'endormis avant qu'elle ne me pose sur le lit.

          Il était très tôt quand je me réveillai. J'avais bien dormi, d'un sommeil sans rêves, et j'étais plus alerte que d'habitude au lever. Il faisait sombre, mais des rais de lumière filtraient de sous la porte. Je me penchai au bord du lit, cherchant une lampe sur la table de nuit. Une lumière s'alluma au-dessus de moi, je sursautai, et Alice était là, agenouillée à côté de moi sur le lit, sa main sur la lampe qui se trouvait stupidement au dessus de la tête de lit.

          - Désolée, dit-elle tandis que je m'affalais sur l'oreiller, soulagée. Jasper a raison, continua-t-elle. Tu as besoin de te relaxer.
          - Oui, eh bien ne lui dis pas ça,
     marmonnai-je. S'il essaye de me relaxer encore plus je serai dans le coma.
          Elle rit.

          - Tu as remarqué, hein ?
          - S'il m'avait frappée derrière la tête avec une poêle ça aurait été moins flagrant.
          - Tu avais besoin de dormir.

          Elle haussa les épaules, souriant toujours.

          - Et maintenant j'ai besoin d'une douche, beurk !
          Je réalisai que je portais toujours la robe bleue, qui était beaucoup plus froissée qu'elle n'aurait dû l'être. Ma bouche était pâteuse.

          - Je crois que tu vas avoir un bleu sur le front, mentionna-t-elle alors que je me dirigeais vers la salle de bain.
          Après m'être lavée, je me sentis beaucoup mieux. Je mis les vêtements qu'Alice m'avait posés sur le lit, un chemisier vert qui semblait être fait de soie, et un short en lin. Je me sentais coupable de voir que mes nouveaux vêtements étaient beaucoup mieux que tous ceux que j'avais laissés derrière moi. C'était agréable de pouvoir enfin faire quelque chose de mes cheveux ; les shampooings de l'hôtel étaient d'une très bonne qualité et mes cheveux redevinrent soyeux. Je pris mon temps pour les sécher, pour qu'ils soient parfaitement raides. J'avais le sentiment que l'on ne ferait pas grand-chose aujourd'hui. Une inspection de près dans le miroir révéla une ombre de plus en plus visible sur mon front. Fabuleux.
      Quand j'émergeai enfin, la lumière filtrait aux bords des rideaux épais. Alice et Jasper étaient assis sur le sofa, fixant patiemment la télé presque silencieuse. Il y avait un nouveau plateau-repas sur la table.
           
         - Mange, dit fermement Alice en le désignant du doigt.
    
     Je m'assis avec obéissance sur le sol, et mangeai sans faire attention à la nourriture. Je n'aimais pas l'expression sur leurs visages. Elle était trop calme. Ils regardaient la télé sans détourner le regard, même si ce n'était que des publicités qui passaient. Je repoussai le plateau, l'estomac soudain noué. Alice baissa les yeux, jetant un coup d'œil au plateau toujours plein avec un regard de mécontentement.
           
          - Qu'est-ce qui ne va pas, Alice ? demandai-je.
          - Tout va bien.
          Elle me regarda avec de grands yeux honnêtes que je ne crus pas une seconde.
          - Alors qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

          - On attend que Carlisle appelle.
          - Il n'aurait pas déjà dû appeler maintenant ?

          Je pouvais voir que j'étais proche de la vérité.  Les yeux d'Alice se dérobèrent vers le téléphone portable, sur son sac en cuir, puis vers moi à nouveau.
          - Qu'est-ce que ça veut dire ?
          Ma voix tremblait, et je me battais pour la contrôler.
          - Qu'il n’a pas encore appelé ?
          - Ça veut juste dire qu'ils n'ont rien à nous dire pour l'instant.

          Mais sa voix était trop calme, et l'air était soudainement plus difficile à respirer.
          - Bella, dit Jasper dans une voix suspicieusement douce. Tu n'as pas à t'inquiéter. Tu es parfaitement en sécurité ici.
          - Tu crois que c'est pour ça que je m'inquiète ?
     demandai-je, incrédule.
          - Alors pour quoi d'autre ?
          Il était aussi surpris. Il devait sentir la teneur de mes émotions, mais ne pouvait pas lire ce qui les provoquait.
          - Tu as entendu ce que Laurent a dit.
          Ma voix était basse, mais ils pouvaient m'entendre facilement, bien sûr.
          - Il a dit que James était un meurtrier. Et si quelque chose tournait mal, et qu'ils étaient séparés ? Si quelque chose leur arrivait, à Carlisle, Emmett... Edward... (Je déglutis.) Si cette femelle sauvage blessait Rosalie ou Esmé... (Ma voix était devenue plus perchée, une note d'hystérie commençant à monter.) Comment est-ce que je pourrais vivre avec moi-même en sachant que c'est de ma faute ? Aucun de vous ne devrait risquer sa vie pour moi…
     â€¨      - Bella, Bella, arrête,
     m'interrompit-il, ses mots sortant rapidement. Tu t'inquiètes à propos des mauvaises choses, Bella. Fais-moi confiance là-dessus – aucun de nous n'est en danger. Tu es assez sous pression comme ça, ne rajoute pas des inquiétudes complètement inutiles. Écoute-moi… (J'avais détourné les yeux.)Notre famille est forte. Notre seule peur est de te perdre.
          - Mais pourquoi vous…

          Ce fut Alice qui m'interrompit cette fois, touchant ma joue avec ses doigts froids.

          - Ça fait presque un siècle qu'Edward est seul. Maintenant qu’il t'a trouvée, notre famille est complète. Penses-tu qu'on pourrait le regarder dans les yeux pour les cent prochaines années s'il te perdait ?
          Ma culpabilité s'apaisa alors que je regardais ses yeux foncés. Mais, même si le calme envahissait mon corps, je savais que je ne pouvais pas faire confiance à mes sentiments tant que Jasper était présent.


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